Compagnonnage et compétences pourquoi ? Comment ?

Dès son origine, le compagnonnage historique s'appuie sur la valorisation du métier. Il est reconnu socialement, génère des codes, des valeurs et une culture forte. L'apprentissage était, et est toujours, vu comme un parcours initiatique pendant lequel les ingrédients de la compétence sont mis en oeuvre au sein d'une démarche qui amène expérience et capitalisation des acquis.

Cette partie propose une définition du compagnonnage tel qu'il est pratiqué au sein du METL, puis expose rapidement l'utilisation de cette modalité, et enfin compare le compagnonnage traditionnel à celui qui est mis en oeuvre dans notre ministère en termes de différences et de similitudes.

Dans notre contexte, le tutorat relève de l'ingénierie de la formation : il s'agit en effet de définir un parcours de professionnalisation qui tienne compte des besoins de l'apprenant et des moyens mobilisables. Parmi ceux-ci, le tuteur doit notamment repérer les compagnons appropriés, en fonction de la séquence pédagogique et des caractéristiques de l'apprenant.

Le compagnonnage permet à l'apprenant de mesurer les exigences de qualité, de performance, les contraintes, les règles.... L'interprétation des valeurs, de la culture, la confrontation aux stratégies des différents acteurs, l'apprentissage du langage, amènent l'agent à se construire son identité professionnelle et sa propre représentation de son environnement de travail.

Il n'y a pas au METL de cycle de compagnonnage visant à consolider les compétences sur un même poste. Il peut y avoir plusieurs séquences, mais il s'agit alors d'un dispositif qui vise des domaines différents. À l'issue d'un apprentissage basé sur cette modalité, l'apprenant sera qualifié mais un suivi de formation sera indispensable pour lui permettre de construire les compétences attendues.

Ce processus met en évidence l'importance des phases préalables à la partie transmission. En particulier, le choix du compagnon est déterminant : cet acteur doit être un professionnel reconnu par ses pairs et sa hiérarchie ; il possède les aptitudes relationnelles requises et il a de l'appétence pour la formation. En effet, le compagnon cède ses savoirs, souvent perçus comme une source de pouvoir, il pourrait alors craindre de créer un concurrent potentiel.

Dans les dispositifs de formation complexes, le compagnon, qui est un acteur généralement méconnu de la maîtrise d'oeuvre de formation, n'est pas toujours informé des objectifs de la séquence d'apprentissage. L'apprenant a de grandes difficultés à articuler les acquis du terrain aux cours théoriques " présentiels ". Il s'ensuit une perte de sens qui ne peut que démotiver.