Tutorat et communautés apprenantes en formation à distance

S'il s'est imposé aujourd'hui dans la nomenclature de la formation à distance, cela ne l'a pas été de tout temps et en tout lieu. Dans certains dispositifs, on préfère à ce vocable celui d'encadrement en ligne. Dans d'autres, la fonction tutorale n'est pas clairement établie, et du coup on peut légitimement penser qu'elle est assumée peu ou prou par des préposés de facto ; les enseignants pour un tutorat disciplinaire et méthodologique, le technicien pour un tutorat technique et l'administration pour ce qui reste.

Quoi qu'il en soit, il n'en demeure pas moins vrai que le tutorat à distance est encore en construction malgré la somme de travaux et de réflexions qui lui ont été consacrés ces dernières années dans l'espace francophone. Il ne s'agit nullement d'un constat d'échec mais bien au contraire de la reconnaissance de la vitalité d'un concept qui se développe aux côtés d'autres modes d'organisation de la formation comme les communautés apprenantes.

Avant d'en venir à l'essence même de ces communautés apprenantes, il convient d'entrée de jeu de clarifier la notion de communauté qu'il faut appréhender ici dans une perspective sociologique, non comme un amas hétéroclite d'individus mais comme un groupe plus ou moins structuré autour d'une culture propre et/ou d'un objectif auxquels se référent ses membres.

Il en est ainsi des communautés apprenantes opérationnalisées dans le cadre de la formation à distance, et plus globalement de l'apprentissage en ligne. Tout comme le tutorat à distance, elles répondent à un souci d'efficacité du processus de transmission et/ou de construction des savoirs. Comme nous le verrons plus loin et plus en détail, il en existe au moins deux formes distinctes; d'un côté, les communautés virtuelles d'apprentissage ou communautés d'apprenants (learning community en anglais) et, de l'autre, les communautés de pratique (community of practice en anglais) qui , pour s'affranchir volontiers des cadres institutionnels de la formation, n'en sont pas moins des espaces et regroupements dédiés aux apprentissages.

Comme l'énonce Amaury Daele, la distinction entre ces deux communautés peut s'établir à trois niveaux : le contexte social d'émergence, l'activité mise en oeuvre et le rapport à l'apprentissage. En-dehors de ce qui les distingue, les deux catégories de communautés apprenantes partagent des points communs : un mode de fonctionnement reposant sur la collaboration (et la coopération) et in fine un gros enjeu d'animation, par ricochet de pérennisation.

Le moins qu'on puisse dire est qu'en dépit du mouvement de conceptualisation-opérationnalisation, les communautés apprenantes font l'objet d'une appropriation lacunaire. Souvent éphémères, elles sont confrontées, dans le meilleur des cas, à un déficit de participation qui remet en cause leur existence même. Pourtant, elles ont tout pour être désirables, parées qu'elles sont de la vertu procréatrice d'une intelligence collective capable de catalyser la co-construction des savoirs, toutes choses égales par ailleurs.

A n'en point douter, les communautés apprenantes tout comme le tutorat à distance présentent l'intérêt, d'une part, de minimiser le degré de solitude que peut comporter le face-à-face avec des ressources de formation et, d'autre part, de stimuler la motivation qui a tendance à décliner dans ce cas d'espèce. En définitive, l'efficacité opérationnelle de ces deux modes d'organisation de la formation à distance recommande à tout le moins une mise en oeuvre qui tienne compte de leur nature évolutive et dynamique. En la matière, pour parler trivialement, il n'existe pas de solutions qui marchent à tous les coups. A chacun de créer son modèle !