La cantatrice chauve de Eugène Ionesco (Fiche de lecture)

Entre ensuite Mary, la domestique, qui raconte sa récente sortie à ses patrons. Ceux-ci sont plus qu'heureux d'apprendre qu'elle s'est rendue au cinéma avec un homme pour regarder un film mettant en scène des femmes et qu'une fois la séance terminée, elle a bu un grand verre de lait avec son hôte tout en lisant le journal. Son récit achevé, elle s'en va accueillir les invités des maitres, les Martin, qui sont en retard pour le diner. Elle les installe à table, l'un en face de l'autre. Ceux-ci ont le sentiment de s'être déjà vus quelque part. Au terme de longues recherches, ils en viennent à comprendre qu'ils vivent sous le même toit et qu'ils sont très certainement mariés. Heureux de leur conclusion, ils scellent leur contentement par de grandes embrassades. Pourtant, Mary affirme que bien que tout porte à croire qu'ils sont unis, ils ne le sont pas.

Monsieur et Madame Smith saluent les Martin et les sermonnent de n'être pas arrivés à l'heure car leur retard reporte l'heure du diner. Madame Smith tente d'amorcer la conversation en réclamant à ses hôtes des anecdotes de voyage. N'en ayant pas de suffisamment intéressantes à relater, Madame Martin se borne à expliquer l'évènement extraordinaire auquel elle a assisté plus tôt dans la journée : elle a vu un homme refaire ses lacets. Tous les convives sont stupéfaits de cette histoire et chacun narre ensuite les bizarreries similaires qui lui sont arrivées dans la journée quand, soudain, quelqu'un frappe à la porte. Lorsque Mme Smith veut ouvrir la porte, elle ne trouve personne derrière. Elle revient donc à table, dépitée. S'ensuit alors un débat portant sur la question de savoir si, quand on sonne à la porte il doit toujours y avoir quelqu'un derrière ou si, au contraire, il ne doit jamais y avoir personne.

On sonne à nouveau à la porte et le capitaine des pompiers, un vieil ami de la famille, se présente aux Smith et demande à entrer. Il salue les Martin, envisage d'ôter son casque, mais refuse de s'asseoir car il est pressé par le travail. Finalement, il garde son casque et prend un siège. Il entame ensuite des protestations car les incendies ne sont pas fréquents depuis quelques temps et le travail manque aux pompiers. Rien d'étonnant, selon lui, car les gens comme le marchand d'allumettes, qui sont le plus susceptibles de faire flamber leurs maisons, sont assurés contre le feu et donc n'ont jamais d'incendie à faire éteindre.

Reconnaissant la voix du pompier, Mary entre soudainement dans la pièce et se jette à son cou. Elle est heureuse de le revoir car elle était jadis amoureuse de lui. Les étreintes des amoureux agaçant les Martin et les Smith, Mary est congédiée en cuisine et le soldat du feu quitte ses hôtes.

Quand la lumière se rallume dans la salle de spectacle, les répliques de la première scène résonnent à nouveau. Cependant, elles ne sont plus énoncées par les Smith, mais par les Martin, qui ont remplacé le premier couple dans leur salon anglais pour fumer leur pipe anglaise devant un journal anglais.

Madame Smith est une bourgeoise anglaise mariée à Monsieur Smith, un authentique bourgeois anglais également. Elle est mère de deux enfants, comme elle le dit brièvement dans le premier chapitre. Cependant, ceux-ci n'apparaissent jamais dans la pièce. On en entend un peu parler à travers les anecdotes que racontent leurs parents à leur sujet.

C'est une personne assez bavarde qui aime apparemment parler pour ne rien dire, à l'instar des autres personnages mis en scène par Eugène Ionesco. Elle fait preuve d'un caractère plutôt fort : elle s'énerve à diverses reprises dans la pièce (scène I, acte I, elle se fâche avec son mari ; scène VII, acte I, elle s'énerve de ne trouver personne derrière la porte d'entrée ; scène IX, elle est mécontente de voir sa domestique aussi proche du capitaine des pompiers).