En attendant Godot de Samuel Beckett (Fiche de lecture)

Comme tous les jours, ils attendent Godot, qui leur a fait savoir qu'il viendrait peut-être. Estragon s'endort et Vladimir le réveille parce qu'il se sent seul. Estragon veut lui raconter son rêve mais Vladimir refuse. Nouvelle dispute, nouvelle réconciliation. Ils envisagent de se pendre, mais Estragon conclut : " Ne faisons rien. C'est plus prudent " (Acte I, p. 22).

Entrent Pozzo et Lucky (Acte I, p. 28). Pozzo mange et bavarde avec Vladimir et Estragon. Ces derniers essaient de parler à Lucky, qui ne répond pas. Vladimir et Estragon plaignent le serviteur maltraité par son maitre, mais, après un discours pathétique de Pozzo, la situation se renverse entièrement et nos deux compères accusent Lucky d'être cruel envers lui. Lucky obéit aux ordres qu'on lui donne, danse, puis prononce un long discours pseudo-scientifique et philosophique très confus. Lucky et Pozzo finissent par s'en aller.

Pozzo et Lucky font de nouveau leur entrée, mais cette fois le maitre est aveugle. " Que faisons-nous, affirme Vladimir, voilà ce qu'il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne " (Acte II, p. 112).

Les deux personnages fonctionnent comme un duo comique. Estragon est maladroit, il perd souvent l'équilibre et se trouve au centre de gags visuels tels que la difficulté à enlever sa chaussure par exemple. Il ne se souvient de rien, pas même de ce qu'il a fait la veille. Vladimir, à l'inverse, se rappelle des évènements. Il est celui qui questionne Estragon, il conduit souvent le dialogue et peut même prononcer de plus longs discours. Il a lu la Bible, dont il parle à son ami au début de l'Acte I. Estragon l'écoute parfois distraitement.

Tous deux sont caractéristiques des personnages de Beckett, qui sont toujours diminués physiquement. C'est le cas aussi, par exemple, dans la pièce Fin de Partie. Ils constituent des variations sur un même modèle plutôt que des actants d'un schéma actanciel forcément lacunaire puisque l'intrigue de la pièce n'avance pas. Estragon et Vladimir ne progressent pas, ils ressassent sans cesse les mêmes idées et n'aboutissent à rien. Ils comblent le vide de leur vie en jouant des rôles, ils jouent à se disputer et à se réconcilier, ils jouent à incarner Pozzo et Lucky, mais ils n'agissent pas vraiment. Ils ne font que de parler.

Ils constituent le second duo de la pièce. Eux aussi sont sur la route et passent et repassent au même endroit. Pourtant, ils représentent des sortes de doubles inversés de Vladimir et Estragon. Ils portent eux aussi des chapeaux melon. Pozzo porte des lunettes. Estragon et Vladimir sont liés par leur amitié et se soutiennent mutuellement alors que le duo Pozzo/ Lucky est entièrement fondé sur un rapport de force ambigu, qui semble toujours pouvoir s'inverser.

Pozzo est le maitre. Il tient Lucky par une corde attachée à son cou et le force à avancer grâce à un fouet. Le serviteur porte " une lourde valise, un siège pliant, un panier à provisions et un manteau (sur le bras) " (Acte I, p. 28). Pozzo insulte son serviteur, le traite constamment de porc et ne cesse de lui donner des ordres. Mais il est aussi dépendant de Lucky, en particulier dans le deuxième acte, lorsqu'il retrouve Vladimir et Estragon et qu'il est aveugle.