Ebook recette cuisine : Petit traité de l'omelette

La poule et l'oeuf sont bien sûr prétexte au débat sans fin sur la primeur de leur apparition (" la poule ou l'oeuf ? "), on prête à la poule des valeurs réelles ou supposées (" un papa ou une maman poule ", " une poule mouillée "), on s'amuse de sa propension à dormir (" se coucher avec les poules ", très tôt), mais la poule sert aussi à mettre en garde contre un comportement hâtif et peu prévoyant (" tuer la poule aux oeufs d'or ") et à se projeter dans un futur inaccessible... " quand les poules auront des dents " ! La poule s'élève ainsi au rang des symboles de l'affection et de la couardise, voire d'une certaine stupidité aux yeux des automobilistes qui fréquentent nos vertes campagnes et qui ont remarqué qu'à leur arrivée, la poule a généralement tendance à se précipiter sous leurs roues...

Durant des siècles, l'oeuf a constitué un aliment précieux, notamment pour les moins riches qui avaient rarement accès à la viande. Mais au-delà de l'aspect purement nutritionnel, l'oeuf est présent de façon significative dans le langage courant et nombre d'expressions, de dictons ou de proverbes font référence à l'oeuf et montrent son importance par les valeurs qu'elle symbolise : richesse ou abondance, fragilité, simplicité... Par exemple :

La légende raconte que, à l'occasion d'un repas en présence de Christophe Colomb, un invité aurait voulu minimiser l'importance de la découverte du Nouveau Monde en disant : " Il suffisait d'y penser. " Piqué au vif, le navigateur aurait proposé un défi aux convives : faire tenir debout un oeuf dur dans sa coquille. Seul Christophe Colomb aurait réussi, en aplatissant sur la table l'une des extrémités de l'oeuf et en posant celui-ci en équilibre sur cette base, ajoutant avec ironie : " Il suffisait d'y penser... "

L'étymologie du terme omelette est complexe mais il semble bien qu'il provienne indirectement de ova mellita, un plat d'oeufs battus avec du miel, cuits dans un plat en argile, et dont les Romains (encore eux !) se délectaient.

Moins sérieusement, le terme est aussi lié à d'autres légendes ou jeux de mots, plus ou moins fiables. Ainsi, un roi, se promenant un jour dans la campagne, eut une faim subite et entra dans une chaumière ; il demanda à l'homme qui se trouvait là de lui préparer à manger pour lui et sa suite. L'homme prépara en un temps record des oeufs battus frits à la poêle. " Quel homme leste ! " s'écria le monarque...

" Séminaire n°15 de Gastronomie moléculaire ", tenu le 21 mars 2002 à l'École supérieure de la cuisine française Jean Ferrandi (Paris), les participants ont fait référence aux principes de préparation de l'omelette par de grands noms de la cuisine. Chaque pays, chaque région revendique ses propres spécialités d'omelette, et tous les grands cuisiniers s'y sont essayés.

Dans Ma gastronomie (Flammarion, 1969), Fernand Point donne la recette de ce qu'il nomme " l'omelette simple " : " Bien battre au fouet, et séparément, les jaunes et les blancs. Puis, dans une poêle où commence à chanter un morceau de beurre, mettre d'abord les jaunes, les saler et les poivrer, et quand ils prennent, ajouter une bonne cuillerée de crème fraîche. Ajouter les blancs,