Exposé Démocratie et Démagogie

On l'a vu, le démagogue vit par et pour le peuple. Il est donc censé représenter les intérêts et les aspirations communes; le démagogue n'est plus une entité à part entière, il doit se confondre avec un moi collectif. Ce pendant le démagogue serait tenté dans ses convictions profondes du juste et du bien, ces qualités individuelles que sont le charisme et la pédagogie pour contraindre le peuple à adhérer à ses vues personnelles : on aboutit donc à une crise de la représentation.

Le peuple souverain n'a pas d'incarnation. Il n'a que des substituts. L'amour du grand homme, l'attraction du charisme sont les concessions que doit accorder la démocratie pour obtenir une identification. Mais le risque est grand que de résiduelle, la concession ne finisse par absorber le tout et que l'identification du peuple et du démagogue ne devienne totale...au risque d'effacer le peuple au nom du peuple.

Cette logique, c'est d'abord une logique de la revendication populaire face à une minorité d'opprimants : le démagogue populiste met en avant le déséquilibre des forces actuelles dans la société. D'un côté la quasi-totalité de la population (le peuple) et de l'autre une étroite minorité de nantis, d'opprimants. En réduisant la démocratie à l'unique expression des choix populaires, le démagogue prêche au retour du peuple au pouvoir contre les élus nantis qui ont trahi la volonté populaire. C'est dans cet esprit que Bruno Maigret a repris l'instrumentation de l'idéal démocratique pour affirmer: "Du peuple, par le peuple, pour le peuple (Lincoln). En France le peuple est souverain. C'est de lui que procède le pouvoir, c'est lui qui décide de son destin et c'est pour lui qu'agissent les gouvernants."

Mais c'est aussi une logique d'adaptation : pour l'illustrer Isaiah Berlin prend l'image du "Complexe de Cendrillon". Selon lui "il existe une chaussure - le "populisme" - pour laquelle, quelque part, il existe un pied. Il y a tous les genres de pied qui s'y adaptent à peu près, mais nous ne devons pas être piégés par ces pieds approximatifs." Le populisme n'a donc pas de vocation à éduquer, donc il ne constitue pas un corps de doctrine cohérent ni une théorie politique et il se situe au-delà du clivage traditionnel gauche/droite. Au contraire les discours du démagogue populiste semble se fonder sur l'appel au bon sens populaire; et en ce sens la politique du démagogue fluctue constamment au gré des attentes populaires, des frustrations ou sentiments d'injustice sur tel et tel problème.

- la flatterie et le ?????: prenant pour exemple Cléon au temps de Thucydide, le démagogue use de son pouvoir de ????? pour flatter, séduire le peuple, en soutenant les causes qui lui font plaisir, "le panem and circenses". Le démagogue est donc résolument tourné vers l'émotion sociale, les passions vulgaires, le ?????.

- La machine partisane: le démagogue peut se transformer en un véritable entrepreneur identitaire: Weber nous donne même l'image du "boss", l'entrepreneur politique capitaliste, pourvoyeur de voix électorales pour son projet. Cette entreprise politique est fondée sur le rôle des partis et des militants. Pour affirmer sa puissance, le démagogue s'appuie sur un petit nombre de "croyants" de militants ayant une fois aveugle en son pouvoir charismatique.

- Les media: la démagogie s'appuie d'autre part sur les media et le pouvoir de l'image. Les grandes chaînes nationales, au service des gouvernants se plaisent à montrer par un aspect biaisé allant dans le sens du peuple les grands problèmes internationaux. Et Berlusconi n'a-t-il pas bénéficié de son empire audiovisuel pour sa propagande électorale. Qui dit media, dit manipulation de la communication par un état et donc propagande.