Reynaud : Sociologie des conflits du travail

Publié par : Fiches

Fiche de lecture de Reynaud : Sociologie des conflits du travail Reynaud insiste sur le fait que les grèves ne produisent pas vraiment de biens individuels qui découleraient de la est un enjeu organisationnel pour les syndicats. En fait, selon Reynaud, une forte contrainte pèse sur les salariés. Contrainte qui peut être juridique (aux Etats-Unis), pratique (en Grande-Bretagne avec la technique des closed-shop), syndicalisation dépasse les 90 %).


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Remarque : Pour comparer les différentes modalités, voire les différents types de grèves selon les pays, l'auteur s'appuie peu sur les statistiques (comptabilisation des jours chômés, ratio jours de grève/absentéisme total, etc) qu'il juge peu pertinentes. En effet, l'intérêt d'une grève, selon lui, est surtout le coût qu'elle engendre pour une entreprise donnée, il privilégie donc ce niveau d'analyse.


Reynaud reprend les distinctions entre conflits localisés vs généralisés, grèves courtes vs grèves longues, mais ne s'y arrête pas, jugeant que ces types sont, en définitive, intimement liés. Par exemple, les grèves longues ont un fort impact : en cas d'échec elles imposent les vues patronales sur long terme et au niveau général, mais en cas de succès, les conquêtes des salariés se diffusent et engendrent souvent des grèves courtes, de " rappel ".


Selon les branches. Les branches intégrées mais sans contacts avec les autres secteurs (exemple des dockers) sont, potentiellement, les branches où il y a le plus de grèves. La probabilité d'apparition d'une grève varie donc selon la place qu'occupent les ouvriers dans une branche (intégrés ou non) et la place qu'occupe cette dernière dans la société (segmentée ou non).


Par ailleurs, le taux de syndicalisation monte brusquement après un grand évènement comme une crise économique, une nouvelle législation, une guerre... Reynaud remarque que le taux de syndicalisation est corrélé aux vagues de conflits généralisés. Par exemple, en 1936, les grandes grèves avec occupations d'usines sont corrélées à un fort taux de syndicalisation et à une série de dispositions législatives. Aux Etats-Unis, le grand cycle de grève de 1935 à 1937 et l'action du National Labor Relation Board sont aussi corrélés avec une hausse du taux de syndicalisation.


Reynaud répond par la négative et s'appuie sur l'exemple des années soixante, années de conflits ouverts, pour réfuter le modèle suivant : de 1965 à 1968, la croissance et la redistribution auraient, dès 1968, engendré des revendications. Ces revendications auraient été attisées par l'inflation jusqu'en 1974. Tandis que le retour au calme de la fin des années 70 s'expliquerait par la conjoncture défavorable qui modifie les rapports de force entre salariat et patronat.


En fait, selon Reynaud, les chocs pétroliers de 1973 et 1974 n'ont pas eu de répercussion sur les comportements et le nombre de conflits est resté élevé. Pour l'auteur, il est vrai que le desserrement des contraintes économiques, pendant les années soixante, a abouti à une volonté de relâchement des contrôles sociaux. Mais les résultats de l'élection de 1981 montrent que l'apaisement relatif de la fin des années 70 ne marque pas l'acceptation d'un modèle de société. Par ailleurs, s'il y a eu une reconnaissance de l'action syndicale en France, le niveau même de la négociation est resté largement local et on ne peut pas parler d'une véritable articulation générale des négociations et des revendications. L'explication de la pacification des conflits par l'avènement d'un solide système organisationnel, est donc, pour Reynaud, assez ambiguë.


La possibilité de conflits est exclue pendant la durée du contrat qu'une négociation a scellé. C'est ce que l'auteur appelle l'obligation de paix sociale. D'où l'importance, dans ces pays, des stratégies de moyen terme, élaborées par un syndicat dominant (suffisamment pour se doter d'une organisation capable de mener à bien ce type de stratégies). Le conflit est ici extrêmement lié à la négociation d'un nouveau contrat, la grève ne joue alors que comme " arme ultime " et elle est, de ce fait, souvent radicale et longue. La grève débute selon la décision interne du syndicat qui exerce un fort contrôle sur ses membres (personne ne doit rompre le rang, en temps de paix comme en temps de lutte). Reynaud oppose ce fonctionnement aux simples accords français qui peuvent être remis en cause à tout moment (par les employés), impliquant des grèves plus décentralisées, plus locales et moins radicales...



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Date :

09/01/2013


Langue :

Français


Pages :

6


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6381


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