Oberschall : Social Conflicts and Social Movements

Il ajoute que dans le conflit, les individus ont à faire des choix rationnels fondés sur leurs intérêts égoïstes mais d'une façon éclairée ("an enlightened manner "), c'est-à-dire déterminée tant par le calcul et leurs prédispositions que par le poids de l'histoire et des structures sociales. Beaucoup sont ainsi contraints à faire des choix contraires à leur prédisposition.

Il considère dès le départ le conflit comme la conséquence d'une mobilisation ayant une finalité. Sur cette finalité, il s'oppose à Coser et écrit que "les buts des groupes en conflit sont de gagner les éléments désirés, et les conséquences (alors que chez Coser, ce sont aussi des finalités désirées) de la lutte sont fréquemment la neutralisation, l'amoindrissement ou l'élimination du groupe rival " (p.30). Il lui alors définir les acteurs du conflit social, au nombre de trois : le groupe d'opposition, les agents du contrôle social, et les tiers.

Toute théorie du conflit social doit alors remplir différentes tâches : distinction théorique des différents types de conflit, détermination des causes du conflit, détermination des causes de la formation des groupes conflictuels, détermination des facteurs influençant le processus de confrontation, détermination des facteurs influençant le processus de résolution du conflit, détermination des fonctions du conflit social. Oberschall déclare explicitement ne pouvoir remplir toutes ces tâches et se limite à quelques types de conflit : "conflits de classe, raciaux et communaux, rebellions, insurrections, révolutions, émeutes, désordres civils, désordres sociaux, grèves, banditisme, mouvements nationalistes, manifestations, etc. ", c'est-à-dire tous ceux qui réclament la formalisation d'un groupe contestataire méso-sociologique à un niveau infra-étatique. Il se refuse donc à analyser le conflit micro-social (dispute conjugale) et macro-social (guerre).

"Social conflict arises from the structured arrangement of individuals and groups in every social system from the very fact of social organization. [...] The combination of the division of labor with superand subordination makes up the basic configuration of social positions, strata, and classes in the social system. There is no once-and-for-all solution to the problem of distributing scarce resources among the members of a society thus constituted. [...] Social conflict results from this clash of opposing interests. " (p.33).

En un sens, on pourrait donc voir au coeur du mécanisme oberschallien une simple redite des théories de la frustration relative. Il essaie cependant d'éviter cet écueil en considérant (p.35) que le conflit social est rarement une simple réaction mécanique aux plaintes et aux frustrations, mais que ces frustrations entrent dans un système de valeurs qui les interprètent en retour et les transmutent en idéaux. Ce passage théorique est en réalité peu convaincant eu égard aux formulations des théories de la frustration relative. C'est surtout par le biais d'un argument simple, à savoir que la frustration relative est un joli mécanisme mais pas très utile (p.38), et par les exemples qu'Oberschall va dépasser ces théories (p.54-57, p.62) en citant les cas de conflit sur les salaires ou pour la localisation d'une entreprise ou pour les opportunités de mobilité au sein d'un groupe ou enfin dans le cas d'un conflit autour de styles de vie (Oberschall cite l'exemple du conflit américain sur les cheveux longs portés par des garçons dans les universités.

En premier lieu, les causes structurelles, qui ne peuvent jamais être totalement minorées, sont : 1° dislocations sociales résultant du processus de changement social ; 2° résistance au changement de la part des agents du contrôle social ; 3° formulation de nouveaux intérêts ; 4° l'écart entre les idéaux et la réalité ; 5° dilemmes sociaux autour d'idéaux différents. Sans entrer dans les questions de contenu des conflits, on peut également faire des suppositions (à partir de la théorie des jeux) sur la probabilité du conflit en fonction des situations structurelles :