Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach (Fiche de lecture)

Viane est parti pour l'une de ses promenades rituelles dans les rues de Bruges. Il a choisi de vivre son veuvage dans cette ville car la mélancolie de la cité sied à sa propre mélancolie. Bruges lui rappelle sans cesse la défunte ; pour lui, Bruges est plus exactement Bruges-la-Morte.

Le souvenir de la disparue est ravivé par la rencontre fugace de l'inconnue. Viane croise de nouveau cette dernière une semaine plus tard et la suit jusqu'à sa destination : le théâtre de la ville. Là est rassemblée toute la bourgeoisie de la cité. Bien que Viane ne fréquente personne, tout le monde le reconnait on est dans une ville de province où tout le monde connait tout le monde et les Brugeois s'étonnent de voir ce veuf inconsolable au spectacle.

Bruges étant une ville de province, la nouvelle de la liaison de Viane se répand et suscite la désapprobation. Lui-même est inconscient des commentaires qu'il suscite. Il n'est d'ailleurs plus à l'unisson avec la ville : avec Jane, sa mélancolie disparait pour laisser place à une forme de gaité, celle de retrouver la morte à travers son sosie.

Viane éprouve un contentement dans sa relation avec Jane. Elle complète et parachève son rituel de dévotion à la disparue. Après avoir honoré toutes les reliques qu'il conserve chez lui, Viane se rend chez Jane, dont la ressemblance avec la morte semble parfaite. Le veuf souhaite toutefois pousser cette ressemblance encore plus loin et demande à Jane de porter une robe de la disparue. Mais la ressemblance chavire lorsque la danseuse, qui ignore toujours tout du passé de son amant, se montre vulgaire et profane le souvenir de l'autre femme.

Partie au béguinage pour voir sa parente, Barbe, la dévote servante, y apprend que son maitre fréquente une femme. Elle consulte son confesseur, qui lui conseille de ne pas quitter son service tant que Viane ne reçoit pas Jane dans sa propre maison. Barbe sent que son avenir, qu'elle croyait assurer, s'obscurcit.

Viane n'ose plus approcher les reliques de la morte : la découverte des nombreuses dissemblances entre Jane et son épouse défunte accroit sa culpabilité et le tient éloigné des souvenirs de sa femme. Dans le même temps, il apprend que Jane lui est infidèle et il se met à la suivre et à l'épier.

Jane, se rendant compte de l'intérêt financier que représente Viane, apaise ses craintes et fait mine de se ranger. Elle souhaite venir chez lui pour jauger l'étendue de la fortune de son amant. Elle prend prétexte de la procession du Saint Sang pour s'inviter et reste sourde aux protestations de Viane, qui craint que cette visite fasse jaser.