Une forme de vie de Amélie Nothomb (Fiche de lecture)

Melvin explique alors qu'il souffre d'obésité. Ce mal se répand de plus en plus au sein de l'armée américaine ; pour certains soldats, manger est un moyen de répondre à l'horreur des champs de bataille. Melvin a grossi de 100 kilos depuis qu'il est en Irak. Il personnifie sa graisse et lui donne le nom de Shéhérazade. À la fois émerveillée et complètement ahurie par cette lettre, Amélie lui demande de continuer à raconter. Dans sa lettre suivante, Melvin lui explique que la nourriture est pour lui une véritable drogue et qu'il lui faut bien ça pour supporter les crimes commis dans la guerre

La dernière lettre de Melvin est très longue. Amélie évoque sa correspondance avec ses propres lecteurs et en profite pour dire qu'elle préfère les lettres courtes. Dans sa lettre suivante, Melvin dit qu'il a vraiment l'impression qu'Amélie le comprend et qu'il veut " exister pour elle " (p. 57).

Melvin explique que sa graisse est en quelque sorte son oeuvre. Ce n'est pas une oeuvre artistique, mais une oeuvre qui a du sens. Quand il se voit grossir, il est, d'une certaine façon, fier d'être capable de cela. Amélie le prend au pied de la lettre et lui parle du body art : elle lui propose de transformer son obésité en oeuvre d'art. Elle lui parle d'une étudiante en art qui avait fait son mémoire sur l'anorexie qu'elle était en train de vivre : elle avait rassemblé dans un syllabus des photos et une description de l'évolution de son amaigrissement. Amélie propose à Melvin de faire la même chose, de prendre régulièrement des photos de lui, et de noter tous les chiffres et les symptômes physiques et mentaux de sa prise de poids. Melvin répond avec un grand enthousiasme ; il en a parlé à ses copains qui trouvent l'idée géniale et le soutiennent.

Amélie est un peu gênée : elle ne s'attendait pas à un tel enthousiasme et se rend compte qu'elle a en fait fourni à Melvin et à ses amis obèses un prétexte pour continuer à grossir. Or ils risquent d'en mourir. Amélie écrit une très courte lettre. Elle explique aussi comment elle est devenue épistolière : durant son enfance, elle devait écrire à son grand-père.

Melvin est inquiet par rapport à son retour aux États-Unis car il a pris 130 kg. Comment vont réagir ses proches ? À lui seul, il a fondé une famille : Shéhérazade est sa femme et la graisse est leur enfant. Heureusement, son projet artistique le sauve. Pour avoir plus de crédibilité, il voudrait trouver une galerie d'art qui le soutienne. Amélie prend contact avec la Galerie Cullus à Bruxelles, qui accepte d'inscrire Melvin Mapple à son catalogue, moyennant l'envoi d'une photo de lui, nu.

Amélie reçoit la photo. Terrible : " on y voyait une chose nue et glabre, tellement énorme qu'elle débordait du cadre " (p. 111). Cullus demande alors une photo de Melvin en costume militaire. Amélie transfère la demande à Melvin, mais celui-ci ne répond pas. Toujours sans nouvelle de lui un mois et demi plus tard, Amélie fait des recherches dans la base de données de l'armée américaine : elle trouve un certain Howard Mapple basé à Bagdad, mais pas de Melvin. Elle écrit à ce Howard et celui-ci lui répond, dans une lettre très peu aimable, qu'il ne veut plus avoir de lien avec Melvin et qu'elle n'a qu'à lui écrire à Baltimore. Amélie pense que Melvin a enfin pu rentrer chez lui après la guerre et lui écrit une lettre.

Amélie reçoit une réponse de Melvin, qui avait en fait décidé de ne plus lui écrire. Elle lui répond joyeusement. Elle se rend compte que l'écriture de Melvin a changé. Elle pense que son retour chez lui est très difficile et qu'il en perd tous ses repères. Elle reçoit alors une lettre de Melvin lui expliquant qu'il n'est pas soldat à Bagdad. C'est son frère, Howard, qui est, lui, posté à Bagdad, qui recopiait ses lettres et les envoyait à Amélie. Lorsqu'Amélie a demandé une photo de lui en uniforme militaire, Melvin a été pris au piège : il n'existe pas d'uniforme en taille XXXXL et son frère, excédé, a refusé de continuer ce petit jeu. Melvin a alors préféré ne plus rien écrire à Amélie. Amélie est sidérée par cette lettre, mais elle n'en veut absolument pas à Melvin de lui avoir menti. Melvin lui raconte un peu plus son histoire, la vraie : à 30 ans, sans emploi et sans revenus pour se nourrir, il est retourné chez ses parents. Sa mère lui a acheté un ordinateur et il a commencé à concevoir des sites Internet. Toujours assis devant son ordinateur et en train de grignoter, il s'est mis à grossir rapidement. Mais il ne s'en est rendu compte que trop tard. Ses parents l'ont rejeté et il vit désormais dans un entrepôt. Il ne sort plus et ne voit plus personne. Il a lu tous les romans d'Amélie et a voulu lui écrire. Pour attirer son attention, il a falsifié son histoire. Il avait lu un article évoquant un problème d'obésité chez les soldats américains qui lui a donné l'idée de la supercherie. Amélie décide d'aller le voir et achète un billet d'avion.