Mateo Falcone de Prosper Mérimée (Fiche de lecture)

L'intrigue se déroule en Corse, dans le maquis de Porto-Vecchio, au XIXe siècle. Le narrateur présente au lecteur le héros éponyme (dont le nom est aussi le titre de l'oeuvre), Mateo Falcone, qu'il a rencontré deux ans après l'évènement qui fait l'objet du récit. Il le décrit comme un homme " assez riche ", réputé pour son habileté au tir et père de quatre enfants : trois filles et surtout un fils, Fortunato, porteur du nom et de l'honneur de la famille.

Un jour d'automne, Mateo Falcone s'en va dans le maquis avec sa femme Giuseppa, laissant son fils seul à la maison. Après avoir entendu un coup de feu, Fortunato voit apparaitre devant lui un " bandit " nommé Gianetto Sanpiero, que poursuivent les " voltigeurs corses " (corps destiné au maintien de l'ordre).

Le hors-la-loi, blessé, demande à l'enfant de le cacher pour lui permettre d'échapper à ses poursuivants. Il lui propose une pièce de cinq francs en guise de récompense. Fortunato, d'abord méfiant et inquiet de devoir agir sans l'autorisation de son père, se laisse finalement convaincre et donne à Gianetto Sanpiero l'assurance de sa protection. Avec habileté et rapidité, il cache le " bandit " dans un tas de foin et efface les traces de sa présence.

Les " voltigeurs " ne tardent pas à arriver. Un adjudant appelé Tiodoro Gamba, qui est " quelque peu parent de Falcone ", interroge Fortunato. L'enfant lui répond avec ruse, en feignant de ne pas comprendre ses questions et de n'avoir rien vu. L'adjudant n'est toutefois pas dupe. Ses hommes fouillent la maison et l'un d'entre eux donne même un coup de baïonnette dans le tas de foin. Le " bandit ", que l'on suppose blessé par ce geste, reste héroïquement silencieux. Fortunato fait preuve de sang-froid et se montre impassible.

L'adjudant, toujours convaincu que l'enfant lui cache la vérité, change de stratégie : il lui propose une montre en argent s'il accepte enfin de lui dire où est Gianetto. Après avoir longtemps hésité, Fortunato succombe à la tentation et désigne sans un mot le tas de foin. C'est ainsi qu'il trahit celui qu'il avait promis de protéger. Il rend au " bandit " la pièce qui avait scellé leur alliance, dans un ultime et dérisoire sursaut d'honnêteté. Les " voltigeurs " se préparent à transporter leur proie vers la ville : la chasse de celui que l'adjudant compare à un " chevreuil " est terminée.

Mateo Falcone revient chez lui avec sa femme. Il est inquiet en apercevant les soldats : il pense d'abord qu'ils sont venus pour l'arrêter. Gamba s'approche de lui pour lui expliquer les conditions de l'arrestation du " bandit ". Mateo Falcone, plongé dans une terrible consternation, s'écrie alors : " Malédiction ! " En trahissant sa parole et en collaborant avec les soldats, Fortunato a bafoué l'honneur de sa famille.

Mateo Falcone, muni de son fusil, demande à son fils de le suivre dans le maquis. Sa femme comprend immédiatement ses intentions et lui rappelle que Fortunato est son fils. Mateo lui fait cette réponse laconique : " je suis son père ", suggérant ainsi qu'il est de son devoir de châtier le comportement indigne de son enfant.