Le Sagouin de François Mauriac (Fiche de lecture)

Revenue de chez l'instituteur qu'elle n'a pas réussi à convaincre de se charger de l'éducation de Guillaume, la baronne de Cernès, sa grand-mère, explique ce refus en laissant entendre que sa belle-fille en serait la cause. Cette dernière, piquée au vif, prend son manteau et sort. La baronne, Galéas et Guillaume, très vite rejoints par Fräulein, la vieille cuisinière, profitent de cette absence pour se retrouver dans la chambre de la baronne, où chacun vaque tranquillement à ses occupations.

Pendant qu'elle marche pour apaiser sa colère, Paule songe à l'épisode qui a déclenché la méfiance des gens du village vis-à-vis de ceux du château. Pour tromper leurs solitudes, un jeune prêtre et elle ont entretenu une relation amicale, mais qui a semblé suspecte aux yeux des villageois.

Son retour met un terme aux joyeuses activités des autres habitants du château. Elle cherche à relancer le débat sur l'éducation de Guillaume. Cette discussion, que Guillaume comme sa grand-mère redoutent, est finalement entamée au cours du repas familial où le père seul ne se sent pas concerné, exclu depuis longtemps de la vie de son épouse et de celle de son fils. Le sujet est prétexte à raviver les vieilles rancoeurs entre Paule et sa belle-mère. Elles dissimulent avec peine la haine réciproque qu'elles se vouent.

Tout au long de ces querelles d'adultes, bien que sentant confusément qu'il en est le principal sujet, Guillaume, comme à son habitude, se réfugie dans le monde imaginaire qu'il s'est créé. Paule est décidée à rencontrer l'instituteur et se persuade qu'elle trouvera en cet homme qu'elle ne connait pas un allié. Plus tard, seule dans sa chambre et cédant à son penchant pour la boisson, elle se laisse aller à rêver sa relation avec lui.

Le lendemain, tandis que Paule est en chemin pour se rendre chez eux, l'instituteur, Robert Bordas, et sa femme Léone conversent à propos de la visite de la veille. Très vite, le sujet les amène à parler de leur fils, Jean-Pierre, dont la promesse de succès les remplit de fierté. Ils placent en lui leurs espoirs d'une réussite sociale et professionnelle qui leur est inaccessible.

Paule partie, Léone Bordas commence à montrer des signes de jalousie. Au château, la baronne et Fräulein sont en désaccord sur la prise en charge de Guillaume par l'instituteur, un dangereux communiste selon la baronne. Elles tentent chacune de faire intervenir Galéas, Fräulein espérant pour le petit une bonne éducation, mais Galéas n'osera pas tenir tête à sa femme. Guillaume, lui, craint d'être livré à cet instituteur qui, il en est sûr, le maltraitera. Non sans avoir tenté de résister, il est contraint d'accepter son sort.

Laissé par sa mère chez l'instituteur, Guillaume découvre une atmosphère chaleureuse. Léone et Robert Bordas parviennent à apprivoiser l'enfant. Dans la chambre de Jean-Pierre, l'instituteur amène habilement Guillaume à faire preuve d'une sensibilité et de capacités insoupçonnées. L'enfant, émerveillé et en confiance, plein d'admiration pour le garçon fort et intelligent qu'est Jean-Pierre, ne réalise pas qu'en réalité, Robert Bordas ne lui prête qu'une lointaine attention. Le petit instituteur de campagne est perdu dans ses pensées, il se sent frustré et privé d'une vie plus intense. Avec chez chacun la joie secrète à l'idée de revenir le lendemain, Guillaume et sa mère rentrent au château où une nouvelle dispute ne tarde pas à éclater.