Désert de J. M. G. Le Clézio (Fiche de lecture)

Désert alterne les histoires de Nour et Lalla sur une période de deux ans environ : l'histoire de Nour se déroule au début du XXe siècle, celle de Lalla est contemporaine à la sortie du livre, soit le début des années 1980. Le roman comporte deux grandes parties : Le Bonheur et La vie chez les esclaves. Certains chapitres sont introduits par un lieu et une date. Dans le livre, les chapitres consacrés à Nour sont marqués typographiquement par un retrait du texte.

Le roman s'ouvre sur les silhouettes d'une caravane de nomades sahariens. Parmi ceux-ci, se trouve un adolescent prénommé Nour, le fils du guide. Le groupe se rend à Smara, la ville de Ma el Aïnine, un cheikh charismatique ; d'ailleurs, de nombreux autres voyageurs suivent. Ils se rejoignent tous dans la ville pour discuter de la manière de contrer l'invasion des Chrétiens (français et espagnols) qui les menacent. De nuit, une assemblée de guerriers se réunit autour du cheikh. Nour y assiste, anonyme, mais le cheikh le remarque. Quelques jours plus tard, Nour retourne au lieu de réunion et y rencontre Ma el Aïnine. Nour dévoile au grand cheikh qu'il est, par sa mère, de la lignée du grand Al Azraq, l'Homme Bleu, le maitre de Ma el Aïnine. Les deux premiers chapitres se terminent sur le départ des nomades en direction du nord, après une nuit de transe.

Lalla, une adolescente de 15 ou 16 ans, mène une vie heureuse entre ses errances dans les dunes avec Le Hartani, les histoires du vieux pêcheur Naman, les mouettes qu'elle imagine Princes du désert et Es Ser le Secret, une présence désincarnée et protectrice qui l'accompagne. Mais Lalla n'est plus une petite fille et la désagréable réalité des adultes la rattrape. D'abord, sa tante Aamma chez qui elle vit à la Cité l'emmène dans l'atelier de couture de la vieille Zara pour lui trouver du travail : Lalla, ne supportant pas les manières brutales de sa patronne qui violente ses employées, se révolte et quitte l'atelier. Ensuite, un homme vient la demander en mariage, mais Lalla refuse ce mariage arrangé. Enfin, le vieux Naman meurt. Ce dernier événement et la peur d'un mariage forcé marquent réellement la fin du bonheur. Lalla fuit avec Le Hartani, qu'elle a décidé de prendre pour mari. Ils partent ensemble vers le sud, mais, rapidement, Lalla montre des signes de faiblesse et ne peut plus avancer.

Sous l'autorité de Ma el Aïnine et de ses fils, les nomades se dirigent vers le nord. Sur le chemin, le groupe prend de l'ampleur. Nour prend conscience de la loi du désert : les plus forts survivent, tandis que les faibles meurent sur le bord du chemin. Il rencontre un guerrier de Chinguetti devenu aveugle lors d'une bataille avec les Chrétiens et qui espère recouvrer la vue grâce à Ma el Aïnine. Nour lui propose son aide et le guide sur le chemin.

Sur un bateau de la Croix-Rouge Internationale, Lalla est en route pour Marseille où elle va retrouver Aamma. Elle y découvre la peur, le bruit, la grisaille, les voitures, les immeubles, la foule et à quel point la ville rend les gens invisibles. Personne ne la voit, mais elle observe. Elle rencontre Radicz, un mendiant de 14 ans avec lequel elle se lie d'amitié. Radicz est un " professionnel " : sa mère l'a vendu à un homme qui l'a formé à la mendicité et au vol.

Lalla devient femme de ménage dans un hôtel où elle finit par s'installer. Elle cache à son patron qu'elle est enceinte et, le soir, elle s'échappe en pensant au Hartani dont elle porte l'enfant, et à Es Ser et à son regard protecteur. L'hôtel se situe au-dessus d'une entreprise de pompes funèbres ; c'est ainsi que Lalla apprend la mort d'un homme vivant dans le quartier de sa tante. Celui-ci lui rappelait Naman et son décès est un choc pour Lalla. Elle quitte l'hôtel, entrainant Radicz dans un grand magasin et au restaurant afin de dépenser son peu d'économie : l'argent n'a pas de valeur pour elle.

Au restaurant, Lalla est accostée par un photographe. Elle s'installe chez lui et devient une star des magazines sous le nom de sa mère, Hawa. Ne sachant ni lire ni écrire, elle trace en guise d'autographe le dessin de sa tribu. Elle avait prévenu le photographe qu'elle partirait un jour sans prévenir et c'est ce qu'elle fait après avoir assisté à la mort brutale de Radicz, percuté par un bus lors d'une course-poursuite avec des policiers. Lalla rentre au désert. Après des semaines de train, de bateau et d'autocar, elle rejoint la Cité. Cependant, elle n'y entre pas, mais se dirige vers l'endroit où vivait Naman. Elle y passe la nuit et, à son réveil, comprend que le moment de la naissance est arrivé. Comme sa mère avant elle, elle retrouve les gestes ancestraux, s'accrochant à la branche d'un arbre pour mettre au monde son enfant, seule. Et elle perpétue ainsi le cycle de la vie.