Le Lion de Joseph Kessel (Fiche de lecture)

Le roman, chargé symboliquement et doté d'une portée anthropologique, fait également écho à plusieurs préoccupations contemporaines : le choc entre la civilisation occidentale et les cultures traditionnelles (les Masaï), le racisme envers les indigènes, etc. De son propre aveu, Kessel l'a écrit à la suite d'un séjour dans la réserve naturelle d'Ambolesi (Kenya).

L'aube se lève sur le Kilimandjaro. Non loin de là, dans une réserve naturelle kenyane, un voyageur s'enfonce dans la nature sauvage. Il est arrêté par une fillette solitaire, Patricia. Son père est l'administrateur de cette zone, qui n'est pas accessible aux touristes. Ils discutent et une amitié se crée ainsi entre le narrateur, originaire de Paris, et la petite Patricia Bullit, qui prétend pouvoir parler aux animaux.

Le jour même, le narrateur rencontre les parents de la gamine. Sybil Bullit est une anglaise d'une trentaine d'années qui vit recluse dans la demeure coloniale de son mari. John Bullit est un colon anglais à l'allure sauvage, un ancien chasseur (et braconnier) qui administre désormais la réserve.

Ils discutent et le narrateur comprend qu'un dilemme déchire le couple : Sybil souhaite envoyer leur fille étudier en France, mais John s'y oppose car il sait que sa fille ne supporterait pas d'être arrachée à son petit paradis sauvage. Le voyageur, sensible à la beauté du lieu, comprend le point de vue de son hôte et se garde bien de dire à Sybil qu'il a rencontré la fillette seule au beau milieu de la jungle. John l'en remercie en le raccompagnant.

En passant par le village nègre, John est averti par un ranger qu'un groupe de Masaï traverse la réserve. L'administrateur est inquiet car les Masaï sont de redoutables guerriers qui ne se plient pas volontiers aux règles. Les deux hommes arrivent enfin au camp. Ils parlent du départ prochain du narrateur. John est déçu car il sent que son hôte n'est pas un vulgaire touriste. La discussion se prolonge autour d'un verre de whisky. John parle de sa désobéissance à son père : il a refusé de rentrer en Angleterre pour continuer à chasser au Kenya. On l'appelait alors " Bull " Bullit.

Au camp, Bogo (le chauffeur du narrateur) parle d'une légende à propos de Patricia : les indigènes rapportent qu'elle serait la fille d'un lion. Dans l'après-midi, le narrateur visite la réserve sous l'oeil d'un ranger. Frustré de ne pouvoir s'aventurer hors des sentiers officiels pour contempler la nature luxuriante et sauvage, il décide de rentrer au camp. Alors qu'il admire le crépuscule, deux Masaï surgissent. Le narrateur est fasciné par l'un d'eux, Oriounga, le morane, (ce terme désigne un jeune guerrier Masaï en passe de devenir adulte et qui, de ce fait, jouit de nombreux privilèges, p. 85) qui refuse pourtant de le saluer.

Le soir, le narrateur se rend chez les Bullit. Sybil s'est mise sur son trente-et-un pour le recevoir. Mais l'ambiance est tendue : la nuit tombe et Patricia n'est toujours pas rentrée. John, mal à l'aise dans son costume et tente de distraire l'assemblée avec ses histoires de chasse. Soudain, un puissant rugissement retentit. Patricia rentre quelques instants plus tard avec Kihoro. Elle s'excuse : elle attendait King, son ami le lion.