Les Caractères de Jean de La Bruyère (Fiche de lecture)

Les charges et emplois ne s'accordent qu'en fonction de la naissance ou de la fortune, ce qui n'est pas une garantie de savoir. Egésippe, " le propre à rien ", Philémon, le fat bien habillé, Mopse, l'arriviste, Celse et Ménippe, les vaniteux, en sont des exemples. Selon La Bruyère, le mérite consiste " à se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres ", par la vertu et la bonté.

Le coeur humain est un tissu de contradictions. Mais il sert avant tout à aimer ; il adoucit en cela les affaires des hommes. Quant au bonheur, il est rare. Aussi, " il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. " Toutes nos joies viennent du coeur : " Etre avec des gens qu'on aime, cela suffit. "

Les entretiens habituels sont vains et inintéressants. Acis, Arrias, Théodecte et Troïle sont des exemples de ces causeurs de salon " froids, vains et puérils " qui ignorent l'art de la conversation. Chacun d'eux ne songe qu'à étaler son érudition et à écraser les autres. Le sage fuira donc parfois le monde par ennui.

Clitiphon, Sosie, Arfure, Crésus, Champagne, Sylvain, Dorus et Périandre sont d'anciens laquais devenus fermiers généraux qui se sont enrichis sur la ruine de quelques familles. Cependant, l'anecdote de Zénobie, reine de Palmyre, devrait être une leçon sur les revers de fortune : elle a dépensé des sommes astronomiques pour bâtir un palais, sur les rives de l'Euphrate, qui a un jour été racheté par un de ses pâtres enrichi par les péages de ses rivières ! La sagesse n'a que faire de la richesse.

La mode envahit tout (on voit se développer des collections de prunes, de papillons ou encore d'estampes), jusqu'à la vie et la religion. Ainsi, Diphile fait une collection d'oiseaux jusqu'à rêver " la nuit qu'il mue ou qu'il couve ", Iphis suit tellement la mode qu'il est efféminé, Onuphre se fait passer pour un dévot car il juge que la mode est d'être dévot, etc. Seule la vertu est démodée.

Quels arguments peut-on opposer aux esprits forts qui nient Dieu, c'est-à-dire aux libertins ? Son propre sentiment : " Je sens qu'il y a un Dieu et je ne sens pas qu'il n'y en ait point. " On peut avancer les preuves de l'harmonie de l'univers, de notre aspiration à l'infini et du principe spirituel de notre pensée qui se distingue de la matière.

? le respect du bon gout dominant, la mise en avant de valeurs qu'on estime éternelles : l'imitation de la nature ; la raison, l'ordre et l'équilibre ; la clarté de l'expression. Les artistes et écrivains sont dès lors soumis à toutes sortes de règles à respecter établies par des Académies ;