Double assassinat dans la rue Morgue d'Edgar Allan Poe (Fiche de lecture)

Les voisins, alertés par des cris au milieu de la nuit, se sont précipités et ont entendu des voix. Selon leurs dires, l'une était celle d'un Français et l'autre difficilement identifiable. En entrant dans la maison des deux femmes, ils ont découvert mademoiselle l'Espanaye étranglée et encastrée dans un conduit de cheminée. Quant à sa mère, elle gisait dans la cour de l'immeuble, décapitée. Personne ne parvient à comprendre à qui appartiennent les voix qui ont été entendues puisque ce ne sont clairement pas celles des victimes.

Après une enquête de police, un commis de banque est arrêté : il a aidé, quelques jours plus tôt, madame de l'Espanaye à transporter chez elle une importante somme d'argent. Le motif du double meurtre pourrait donc être le vol. Pourtant, la presque totalité de l'argent a été retrouvée sur le lieu du crime... La police piétine.

Selon lui, il a fallu une force bestiale pour décapiter la mère aussi nettement et pour introduire la fille dans le conduit de cheminée. Dupin a par ailleurs découvert l'issue par laquelle le meurtrier s'est sauvé, issue qui a échappé aux enquêteurs. De plus, deux éléments l'intriguent : on a retrouvé d'étranges cheveux dans la main d'une des mortes et la fille n'a pas pu être étranglée par des mains humaines, les traces de doigts ne correspondant pas.

Après des recherches, Dupin constate que les traces de strangulation ont été laissées par... un orang-outang auquel appartiendraient aussi les poils retrouvés sur les lieux. Seulement, aucun parc zoologique parisien n'a perdu un tel animal. Il ne peut donc s'agir que de la bête d'un marin, seule personne susceptible d'en ramener d'un de ses voyages.

La fenêtre d'un appartement fortement éclairé a alors attiré l'animal, celle de l'Espanaye. Il est entré par force et a surpris les deux femmes. Le marin a réussi à se hisser derrière l'animal, mais, ne parvenant pas à ouvrir la fenêtre, il a assisté impuissant à la scène. Une nouvelle fois, le rasoir à la main, le singe a mimé le geste du barbier devant madame de l'Espanaye mais la vieille dame était terrorisée et ses cris effrayaient l'animal qui lui a alors tranché la gorge dans un accès de panique. La fille s'est évanouie et le singe, furieux, l'a étranglée. Les cris de son maitre le terrifiant, il a tenté de cacher son crime en introduisant le corps dans la cheminée. Il a ensuite jeté ensuite le corps de la mère au-dehors. Puis il a sauté par la fenêtre et s'est enfuit. Le marin, craignant d'être tenu pour responsable, s'est enfui également. Les voix entendues par les voisins étaient donc celle du marin et celle du singe.

Poe ne dit rien de lui. Nous ne connaissons ni sa nationalité (nous nous doutons seulement qu'il n'est pas français), ni son âge. Il est seulement indiqué qu'au moment des faits évoqués dans cette nouvelle, il se trouve à Paris pour quelques mois, mais nous ne connaissons pas les raisons de son séjour.

Ce texte est de plus une nouvelle policière, genre dont Poe est considéré comme l'inventeur. Qu'il soit roman ou nouvelle, le récit policier met toujours en scène la même thématique : l'élucidation d'un crime, qui consiste souvent en un ou plusieurs assassinats, par un enquêteur. Le texte s'organise autour de cette élucidation, depuis la présentation de l'affaire jusqu'à sa résolution. L'enquêteur doit donc reconstituer ce qu'il s'est passé, à partir de témoignages (provenant de témoins du crime) et d'indices (soit les traces laissées par le criminel sur les lieux de son méfait).