Le paradigme stratégique

Publié par : Guijack

Le paradigme stratégique. Il permet de dépasser le dualisme antérieur opposant calcul et échanges sociaux, en montrant que les procédures de calcul sont désormais devenues partie prenantes des pouvoir, ne sont absents des univers organisés, quelles que soient les missions ou finalités de celles-ci.


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LE PARADIGME STRATEGIQUE
Régulation, culture, institution
une question que les paradigmes antérieurs avaient soit occulté (paradigme utilitariste) soit
sous-estimé (paradigme structurel) : les relations entre acteurs. Apparemment, le chemin qui
menait de la seule rationalité formelle aux diverses composantes de la rationalité substantielle
est désormais question est de nature politique. Il indique que les choix des acteurs en situation
concrète ne sont ni désintéressés ni indiscernables, mais sous-tendus par un principe
A certains égards, ce paradigme semble réaliste, sinon « hyper-réaliste » :
resteraient attachés à une conception plus « vertueuse » des comportements humains :
principe qui structure les relations entre acteur.
Le paradigme stratégique : hyper-réaliste ou réducteur ?
marchandes. Il permet de dépasser le dualisme antérieur opposant calcul et échanges sociaux,
en montrant que les procédures de calcul sont désormais devenues partie prenantes des
pouvoir, ne sont absents des univers organisés, quelles que soient les missions ou finalités de
celles-ci. Logiquement, les choix stratégiques sont déconnectés de toute référence à des choix
culturels ou éthiques, sauf à en faire de simples ressources soumises au calcul opportuniste
des acteurs. Mais une telle radicalité est-elle viable et, à son tour, réaliste ? Cet élargissement
combat pour des valeurs irréductibles au calcul ? Plus profondément, comment expliquer cette
A y regarder de près, le paradigme stratégique se trouve confronté à plusieurs limites
majeures :
de surmonter tant les impasses du taylorisme que les limites du paradigme structurel :
concepteurs les seuls acteurs légitimes, le paradigme stratégique considère que tous les
positions des acteurs soient déterminées a priori par des structures organisationnelles.
Les acteurs sont par définition actifs ; ils disposent de marges de jeu au sein de leurs
ni histoire, ni corps, ni émotions, ni valeurs spécifiques. Entièrement livrés au contexte
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donne de la liberté une vision « spontanéiste », dans laquelle la liberté ne signifierait
des modalités de ces contraintes. On peut reprocher à Mintzberg ou Foucault une
elle semble présente dans tous les cas de figure. Si les acteurs ne sont pas entièrement
guidés par des processus structurels qui leur sont extérieurs, ils ne peuvent pour autant
y déroger entièrement. Leur liberté semble toujours une liberté située. Les choix
« configurations organisationnelles » ou de « pratiques de contrôle » qui structurent et
délimitent les choix ?
compétition ordinaire, qui suppose par avance des « gagnants » et des « perdants ».
Elle contribue donc à forger une vision paradoxale des liens sociaux et, plus
particulièrement, de la coopération : pour CROZIER et FRIEDBERG, la coopération ne
« perdants » a toujours existé dans les sociétés humaines. Mais en transposant le
modèle utilitariste de la concurrence dans le champ des interactions sociales, le
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contenu même de ces interactions. Pourquoi le goût pour le pouvoir serait-il décrété
formelle, fondée sur le calcul, du domaine économique au domaine politique. Elle
non-transparence des systèmes et des échanges sociaux. Cette évolution atténue le
formalisme initial : les comportements des acteurs sont largement informels, au moins
au point de départ. Les stratégies politiques résistent à la formalisation mathématique
cette transposition a un effet majeur : ce que la rationalité perd en formalisme, elle le
calculateur de la rationalité, un calcul applicable dans tous les domaines de la vie
sociale. Sur le terrain méthodologique, le paradigme stratégique a donc un effet
notoire, largement inattendu par ses promoteurs : croyant dépasser le réductionnisme
des choix. Elle renvoie à une lecture plus modeste de la rationalité des acteurs ;
rationalité, mais au contraire pour un approfondissement. La troisième et dernière
questionnement éthique à une triple caractéristique :
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englobe se voient soumises au primat du calcul stratégique. Sans être
définitivement rejetées, ces valeurs ne peuvent constituer un vecteur spécifique
orientant les comportements humains ;
poursuite de leur intérêts politiques. Mais une telle approche est biaisée : elle
valorise une éthique particulière, sans la soumettre au débat contradictoire ;
situe à la périphérie de la rationalité. Elle ne peut faire, selon CROZIER et FRIEDBERG,
à une situation très particulière : si les acteurs sont rationnels, leur rationalité
soubassements éthiques de la décision, mais aussi sur le caractère désirable ou non
des choix réalisés.
Ces différents éléments apparaissent clairement dans le passage suivant :
de repousser toute catégorisation des rationalités, motifs et intérêts qui sous-tendent
les comportements observés à la fin du processus de recherche. Ex post, ces
comportements pourront éventuellement être caractérisés comme obéissant à une
« rationalité en valeurs », chère à Max Weber. Mais ex ante, ils devront toujours
perception des opportunités et des contraintes de sa situation présente, a décidé de
selon lequel le comportement utilitariste (au sens élargi défini ci-dessus) est la
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1993, p. 212 et 218).
échappe au questionnement éthique lui-même et, en particulier, à la question des limites
alors sur un double problème, de nature à la fois fonctionnelle et épistémologique :
relations affectives ou le poids des cultures nationales influençant, par exemple, le
seulement ex post ;
rationalité dans le champ du calcul, tout en renouvelant les approches antérieures du
WEBER concernant la différence fondatrice entre rationalité formelle et rationalité
substantielle. Au-delà du principe de « calculabilité », la première se caractérise par
« multivocité des appréciations » permettant de dégager la valeur des choix réalisés.
qui orientent les choix sont nombreux et, surtout, distincts (voie « innombrables,
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quelles pistes indicatives. Ces pistes couvrent les concepts de régulation, de culture et
De la rationalité limitée à la rationalité différenciée : régulation, culture, institution
Quand MARCH et SIMON inventaient le concept de « rationalité limitée », ils rappelaient que le
caractère limité de la rationalité ne renvoyait pas seulement à la limitation du champ
informationnel mais aussi la variabilité des préférences. Cette variabilité sous-entend que les
acteurs ont la possibilité de choisir et de modifier les critères sur lesquels ils fondent leurs
grands sociologues français, J-D. REYNAUD, communiquée dans son ouvrage fondateur
Elle vise à dépasser le caractère spontanéiste et individualiste qui caractérise la vision
sens large : elle définit des régularités ou des récurrences qui sont produites par les
acteurs au cours de leur activité et acquièrent progressivement un caractère
pas seulement dans leur intérêt propre mais aussi en vue de créer ou de réorienter les
individuel et le registre collectif : elle souligne que des préoccupations de nature
collective peuvent structurer les choix individuels. On peut citer plusieurs exemples :
dans un groupe de travailleur, respecter certaines hiérarchies informelles mais aussi
des règles de travail collectif, avant de passer à la réalisation individuel de ce travail.
Plus largement, ce concept a beaucoup influencé le domaine des relations
industrielles. ;
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pratique, à travers une observation fine des bases culturelles de la décision des
individus ou des groupes. Cette base culturelle peut avoir elle-même plusieurs
origines : certains évoquent les habitus de classe, distinguant des classes populaires et
nationales, opposant des manières de travailler française, anglo-saxonne, scandinave,
culturels » dans des périodes de changement intense (R. SAINSAULIEU). A ce propos, on
peut citer plusieurs exemples : les cultures très « marquées » de tel métier ou de telle
profession (artisans, comédiens, professions médicales, etc.) ; mais aussi le fait que le
leur est renvoyée par les autres ; enfin, on dit souvent que le changement
changement des représentations ou des significations des comportements travail, par
certaines situations ou interactions sociales. On dira par exemple que certains
compromis/accords entre partenaires sociaux sont érigés au rang de « compromis
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une certaine idée de la justice, par exemple le mérite individuel, la solidarité
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09/01/2013


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Tags : Cours, paradigme, stratégie
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