L'Ami retrouvé de Fred Uhlman (Fiche de lecture)

Le récit n'est pas uniquement un témoignage sur la vie de l'époque et sur les bouleversements qu'ont connus les juifs à cette période. Il est, plus précisément, une véritable ode à l'amitié et aux élans romantiques de l'adolescence. Longtemps refusé par les éditeurs, L'Ami retrouvé est publié en anglais en 1971. La première traduction en français parait en 1978.

Hans Schwarz est un jeune lycéen de Stuttgart, vivant dans une Allemagne d'avant-guerre encore relativement tolérante et paisible. Le jeune homme vient d'une famille juive de la petite bourgeoisie et mène une vie tranquille, comme tous les jeunes gens de son milieu. Il n'a pas de véritables amis car, en tant qu'héritier de la poésie romantique allemande qu'il affectionne particulièrement, il n'a encore trouvé personne à la hauteur de ses attentes et digne de partager ses secrets, ses réflexions sur le monde, la religion et les arts.

C'est alors qu'entre dans sa vie Conrad von Hohenfels, jeune comte appartenant à l'une des familles les plus prestigieuses d'Allemagne, dont quelques membres illustres ont fortement influencé l'Histoire du pays. Il est élégant, sûr de lui, presque royal. L'assurance et la prestance du jeune Conrad fascinent d'emblée Hans, il est comme médusé devant tant de prestige. Dès lors, il fera tout pour se lier d'amitié avec le comte : étudier davantage pour briller en classe, participer aux exercices périlleux du cours de gymnastique, etc. En vain, Conrad ne semble pas être ému par tant de dévotion.

Un jour de la fin de l'hiver cependant, Hans croise Conrad en rue et, de façon inespérée, ce dernier s'adresse à Hans en lui serrant la main. " Enfin, se dit Hans, quelqu'un qui correspond à mon " romanesque idéal de l'amitié " (p. 21) ". À partir de ce jour-là, et contrairement aux premières craintes de Hans, les deux adolescents ne se quittent plus et développent une amitié indissoluble. Se promener longuement et débattre sur les poètes allemands, sur l'existence de Dieu et sur la science deviennent leurs passe-temps favoris.

L'évolution inquiétante de l'Allemagne vers un antisémitisme certain ne semble pas troubler les deux jeunes gens. Cependant, Hans perçoit les premiers signes d'une séparation dans le personnage de la mère de Conrad, que Hans ne voit jamais mais qui, selon les explications de Conrad, hait les juifs et les considère comme des démons sortis de l'enfer. Conrad doit donc cacher son amitié avec Hans. C'est à partir de ce moment que Hans commence à souffrir de l'antisémitisme, lorsque, par exemple, son meilleur ami le délaisse pour participer à des événements du parti nazi, ou que ses camarades de classe le violentent et le menacent.

Trente ans après cet événement que Hans considère comme un véritable déracinement à sa terre natale, il reçoit une lettre de demande de fonds provenant de son ancien lycée, le Karl Alexander Gymnasium. Accompagnant cette lettre, une liste des noms de ses anciens camarades tombés pendant la guerre. Après une très longue hésitation mêlée de crainte, Hans se décide à regarder au nom de son ami perdu, et découvre avec stupéfaction que Conrad a été exécuté suite à sa participation à un complot contre Hitler.

Hans Schwarz est le personnage principal et le narrateur du récit. Jeune garçon de seize ans au début de l'histoire, il est juif allemand, fils d'un médecin apprécié de tous. Cultivé, passionné par les collections de pièces de monnaie anciennes et par la littérature romantique allemande du XIXe siècle, c'est un garçon intelligent, réfléchi, qui aime débattre sur le sens de l'existence, sur la religion, etc.