Vanina Vanini de Stendhal (Fiche de lecture)

Le bal est perturbé par la nouvelle de l'évasion d'un jeune carbonaro du fort Saint-Ange (une prison de Rome) qui a été blessé dans sa fuite. La police le poursuit. Vanina confie alors à son cavalier, le prince Livio Savelli, fou d'elle, que seul un homme comme ce carbonaro pourrait lui plaire : " celui-là a fait quelque chose de plus que de se donner la peine de naître. " (p. 20)

Vanina s'aperçoit le lendemain que son père, en cachette, apporte des provisions dans une pièce d'ordinaire condamnée, au dernier étage du palais qu'ils habitent. Elle s'en procure la clef et y découvre sur un lit une jeune femme blonde grièvement blessée qui dit s'appeler Clémentine. Elle lui rend dès lors visite chaque jour, à l'insu de son père, et devient sa grande amie. La blessée refuse d'être soignée à cause des enquêtes policières qui sont en général menées auprès des médecins.

Quelques jours plus tard, Vanina, trouvant son amie mourante, insiste pour faire venir un chirurgien ami de sa famille qui ne les trahira pas. Clémentine avoue alors être en fait le jeune carbonaro qui s'est échappé de prison (il s'était déguisé en femme pour faciliter son évasion) et déclare son amour à Vanina. Il s'appelle Pietro Missirili et est le fils d'un pauvre chirurgien de Romagne.

Pietro se rétablit peu à peu avec le secours du chirurgien appelé par Vanina, mais celle-ci le visite moins souvent, ne parvenant pas à démêler ses sentiments à son égard. Pietro, quant à lui, refoule son amour, conscient que son obscure naissance est un obstacle à leur union. Il se contente donc de tenir à la jeune femme des propos respectueux et reconnaissants. Mais, en réalité, ses paroles exacerbent l'amour que Vanina ressent pour lui. Dépitée, elle finit par lui avouer sa flamme.

Les jeunes gens vivent quatre mois de passion, puis Pietro, guéri, décide de reprendre la lutte contre " les vils tyrans " (p. 27). Vanina lui propose de l'épouser : il aura ainsi de l'argent pour servir sa cause. Mais Pietro refuse cette situation qu'il juge déshonorante. La jeune fille suggère alors de le rejoindre un peu plus tard en Romagne, où sa famille a un château. Torturé, Pietro hésite pendant plusieurs jours entre le service de la patrie et Vanina, persuadé qu'elle l'oubliera s'il quitte Rome.

Il finit par partir seul en Romagne, où il tue deux carabiniers qui le poursuivaient. Suite à ce crime, sa tête est mise à prix. Il croit que Vanina, qui ne donne pas de nouvelles, l'a oublié et il songe à retourner à Rome pour la revoir. Mais il est nommé chef de la vente (il s'agit d'une confrérie de carbonari) de Romagne, ce qui le place très jeune à la tête d'hommes plus âgés et rompus aux conspirations. L'annonce de l'arrivée de Vanina, apparemment retardée par son père qui voulait la marier, sème à nouveau le doute dans son esprit.

Les carbonari forment une société secrète italienne, à l'origine composée de charbonniers (d'où son nom), aux origines incertaines (onzième siècle?) qui prônent des idéaux démocratiques et libertaires. Les carbonari sont organisés en " ventes ", petites compagnies de quelques dizaines d'hommes. Cette société commence à jouer un grand rôle dans les combats politiques au dix-neuvième siècle et participe par exemple au Risorgimento (" renaissance " en italien), sorte de révolution qui conduit à l'unification de l'Italie. En effet, au dix-neuvième siècle, l'Italie est divisée en plusieurs états (Lombardie, Toscane, États pontificaux, etc.) ayant chacun leur gouvernement propre. Plusieurs de ces états subissent l'hégémonie autrichienne. Des hommes politiques, tel Cavour, jettent les bases du futur état italien, par une série de réformes, et, petit à petit, le royaume d'Italie se constitue. L'annexion de Rome, qui en devient la capitale en 1871, marque l'aboutissement de nombreuses années de luttes, menées en particulier par le général Garibaldi, qui prend la tête de plusieurs campagnes militaires.