Odette Toulemonde d'É.-E. Schmitt (Fiche de lecture)

Balthazar Balsan, lui, est à un tournant de son existence, " se trouvant à ce point difficile de sa carrière où il n'avait plus besoin d'aider à la vente de ses livres mais où il craignait qu'elle ne baisse " (p. 156). Il sympathise avec son attachée de Presse, Florence, tout en signant son dernier livre. Alors qu'il fantasme sur le teint exotique de Florence, Odette arrive face à lui. Il engage la conversation avec un enthousiasme qui effraie Odette, laquelle se retrouve tellement intimidée qu'elle ne parvient plus à décliner son prénom en entier. Par conséquent, l'écrivain adresse l'autographe à " Dette ".

Balthazar Balsan passe la nuit qui suit dans les bras de Florence. À minuit, ils regardent à la télévision une émission littéraire présentant l'analyse de son livre par le célèbre critique littéraire Olaf Pims. Celui-ci condamne sans pitié l'oeuvre de l'écrivain, y relevant de multiples clichés qui ne peuvent convenir selon lui qu'aux " concierges, caissières et autres coiffeuses qui collectionnent les poupées de foire ou les photos de crépuscule " (p. 161). Florence regarde l'écrivain avec pitié, lequel se met à douter de son talent.

À Charleroi, poussée par le remords et par son fils homosexuel Rudy, Odette décide d'écrire une lettre à l'écrivain pour lui exprimer sa reconnaissance. Cette lettre, bien qu'Odette redoute de l'écrire (" Je n'écris jamais car, si j'ai de l'orthographe, je n'ai pas de poésie ", p. 163), se révèle finalement poétique et touchante : Odette y décrit sa vie avec ses enfants (Rudy et Sue Helen) depuis la mort de son mari, Antoine, et remercie l'écrivain de lui avoir insufflé, via ses livres, l'optimisme nécessaire à sa survie. Odette remet cette lettre à la séance de dédicaces suivante, qui se déroule à Namur, ignorant tout des tribulations (tourments) de l'écrivain car elle ne suit pas les informations.

Un soir, à Paris, Balthazar apprend que sa femme, Isabelle, fréquente intimement Olaf Pims, son pourfendeur. Il fait une tentative de suicide et est placé en hôpital psychiatrique. Mais il s'en échappe rapidement en empruntant la voiture d'Isabelle. Ne sachant où se rendre, il décide de rejoindre Odette suite à la lecture de sa lettre. Arrivé chez elle, il lui demande d'emblée si elle l'aime et s'il peut séjourner chez elle, et Odette répond par l'affirmative (" Pour lui, c'était un instant précieux, un instant qu'il dégustait pleinement. Il ne songeait pas à ce que la situation pouvait avoir de gênant pour Odette ", p. 172).

Peu à peu, avec Odette, Balthazar découvre une existence " aux antipodes de la sienne : sans gloire, sans argent, et pourtant heureuse " (p. 173). Il retrouve le milieu populaire qu'il décrit si justement dans chacun de ses livres et, surtout, une femme étonnante qui ne porte de jugements défavorables ni sur sa vie, ni sur les êtres qui l'entourent. Il tente de débuter une liaison amoureuse avec Odette, mais celle-ci tarde à faire le deuil d'Antoine et refuse toute liaison amoureuse.

Suite à ce refus, Balthazar décide de rejoindre son fils en classe de neige, mais remet à son départ une somme considérable à Rudy pour que celui-ci réalise le souhait le plus cher d'Odette en l'emmenant à la mer du Nord. De son côté, il retrouve son fils mais prend conscience de son anxiété et décide de l'emmener également à la mer. Là, ils rejoignent Odette pour passer leurs vacances avec elle et bénéficier de ses " cours de bonheur " : il s'agit de vivre sans espérance futile ou déraisonnable et de parvenir à percevoir la beauté dans la simplicité.

Le lendemain, contre toute attente, Odette convie la femme et l'éditeur de Balthazar dans son pavillon de la mer du Nord et orchestre une réunion où elle confronte l'écrivain et ses proches. Elle tente par-là de rétablir l'harmonie au sein du couple de Balthazar afin de pouvoir se retirer. Quelques instants plus tard, Odette est victime d'une crise cardiaque et est transportée d'urgence à l'hôpital.