Les Cenci de Stendhal (Fiche de lecture)

Don Juan trouve son origine dans la religion chrétienne et les monarchies qui l'exaltent. " Violer les lois " ou " se moquer du juge " (p. 49) constituent ses premières incartades, mais ce n'est que confronté à la religion qu'il se pervertit, éprouvant de la volupté à la transgression.

Ce don Juan romain est montré tel qu'il était, tyrannique et implacable. Si ce portrait peut choquer, Stendhal se doit avant tout d'être fidèle. L'histoire vraie et terrible des Cenci lui a été demandée par des amis qui lui ont fait découvrir l'Italie, ainsi que le portrait de Béatrix Cenci la fille de François, condamnée à mort pour avoir commandité l'assassinat de ce dernier peint par le Guide, au palais Barberini. L'écrivain s'est alors intéressé au procès de Beatrix et a décidé de traduire (ne s'interdisant que le scabreux) un récit rédigé juste après les faits afin de montrer, " dans toute son horreur "

Il s'agit du récit de l'exécution, le 11 septembre 1599, de Beatrix Cenci, de son frère Giacomo et de leur belle-mère Lucrèce, pour le meurtre de François Cenci. Ce témoignage, écrit par un " narrateur romain " anonyme et traduit scrupuleusement par Stendhal, a pour but de rendre hommage à Beatrix, âgée de seulement 16 ans, et de faire connaitre les dessous de son calvaire à la postérité.

Victime de violences sinon d'inceste, Beatrix tente vainement de s'adresser au pape. Désespérée, elle se décide, avec Lucrèce, à tuer son père. Pour ce faire, elle bénéficie de l'aide de monsignor Guerra, qui en est amoureux. Une conspiration se trame, à laquelle se joint le frère ainé, Giacomo.

Beatrix convainc alors Guerra de payer Marzio et Olimpio pour qu'ils commettent eux-mêmes le crime. On réussit à droguer François Cenci, mais les deux vassaux reculent sous prétexte qu'il est lâche de tuer un homme qui dort. Béatrix, déclarant alors vouloir se charger de la tâche de ses propres mains (" moi-même je tuerai mon père ", p. 66), finit par les convaincre.

Le meurtre est commis. Pour faire croire à un accident, le corps est jeté depuis une fenêtre. Beatrix donne un drap taché du sang de son père à une servante en prétextant une forte incommodité féminine. Mais une enquête est diligentée et le drap ensanglanté, " d'un rouge trop vif " (p. 67), devient une preuve à charge.

Des mois passent, pendant lesquels la famille Cenci se croit hors de danger, d'autant que Guerra veut éliminer les deux hommes de main. Mais seul Olimpio est tué ; Marzio est arrêté et se confesse. Cependant, devant la belle Béatrix qui nie ses accusations, il se désavoue jusqu'à périr sous la torture.