Huis Clos de Jean-Paul Sartre (Fiche de lecture)

Un garçon d'étage amène un homme (Joseph Garcin) dans un salon. Celui-ci est rassuré de n'y voir ni instrument de torture, ni moyen de faire souffrir. Mais, rapidement, il commence à observer différemment la pièce et s'interroge sur certains éléments qu'il estime douteux : pas de brosse à dents, aucune fenêtre, une porte qui ferme de l'extérieur et une lumière artificielle permanente.

Perdue, la dame (Inès Serrano) croit se trouver face à son bourreau et réclame une certaine Florence. Garcin se demande pourquoi elle l'a pris pour un bourreau ; elle lui avoue que c'est à cause de la peur qu'il éprouve. Gêné, Garcin détourne la conversation et essaye d'organiser leur vie commune sous le signe du respect, de la politesse et, surtout, du silence. Chacun se réinstalle dans son coin, mais Inès est rapidement gênée par un tic nerveux de Garcin. Elle lui intime l'ordre d'arrêter de suite, mais celui-ci, incapable de se retenir, s'enfouit le visage dans les mains.

Inès suggère à chacun d'avouer ses fautes. Estelle, jeune fille pauvre, a épousé un vieil homme riche pour subvenir aux besoins de son frère malade, puis a succombé à un bel amant. Elle estime ne pas avoir commis de faute. Garcin, quant à lui, pense avoir agi en héros. Fidèle à ses convictions pacifistes, il s'est opposé à la guerre et a été exécuté parce qu'il refusait de se battre. Inès leur reproche leur mauvaise foi. S'ils sont là, c'est qu'ils ont une faute à payer.

Inès, loin de vouloir rester silencieuse, cherche à séduire Estelle. Puisque la salle est dépourvue de miroirs et qu'Estelle veut se maquiller, elle propose de lui servir de miroir. Gênée, Estelle repousse les avances d'Inès, alors que Garcin refuse de se mêler à leurs discussions.

Inès refuse cette attitude ridicule. Pour elle, chacun doit avouer ses fautes pour pouvoir comprendre qui ils sont les uns pour les autres. Garcin, exaspéré, se lance. Il reconnait avoir humilié sa femme jusqu'à la faire mourir. Inès, quant à elle, raconte son histoire sans remords : elle a séduit Florence, l'épouse de son cousin. Pour éliminer ce dernier, elle l'a poussé sous un tramway, puis elle a vécu six mois avec Florence, jusqu'à ce que cette dernière les tuent toutes deux. Estelle, plus réticente, finit par céder et avoue avoir tué l'enfant qu'elle avait conçu avec son amant. De désespoir, ce dernier s'était suicidé.

Garcin propose d'entériner un pacte de pitié mutuelle. Chacun oublie donc ce qu'il a entendu des autres, mais Inès, voulant toujours séduire Estelle, refuse de laisser le beau rôle à Garcin. Estelle repousse toujours Inès et recherche la protection et l'affection de Garcin. Tous deux jouent la comédie de l'amour, sous le regard jaloux d'Inès. Estelle feint de croire à l'acte héroïque de Garcin et, en contrepartie, Garcin laisse croire qu'il est convaincu de l'innocence d'Estelle.

Ce mensonge pourrait les satisfaire si Inès ne les inondait pas de commentaires et de questions. Elle contraint Garcin à dire la vérité sur sa mort. Le pacifiste se révèle finalement être un déserteur mort lâchement. Dès lors, Garcin ne peut se complaire de sa relation avec Estelle puisqu'elle ne lui permet plus d'oublier l'échec de sa vie.