Ubu roi d'Alfred Jarry (Fiche de lecture)

Un messager annonce alors au Père Ubu qu'il est appelé par le roi. Par peur d'être démasqué, Ubu se promet de dénoncer la Mère Ubu et Bordure. Mais pas de menace : le roi est confiant, et le fait même comte de Sandormir pour le remercier de ses " nombreux services " (p. 44). Ubu et Bordure s'interrogent sur la façon la plus judicieuse de perpétrer le meurtre du roi. Ils décident d'une stratégie : l'acte se clôt sur un vibrant " Vive le père Ubu ! " (p. 49)

La reine Rosemonde a fait un horrible cauchemar : elle a vu Ubu frapper le roi et prendre sa couronne. Le roi ne veut pas l'entendre, persuadé que " Monsieur de Ubu est un fort bon gentilhomme, qui se ferait tirer à quatre chevaux pour [s]on service " (p. 51). Il invite Ubu à l'accompagner lors du passage en revue de ses troupes, mais, au signal donné (un " MERDRE " retentissant), les partisans de Bordure et d'Ubu se jettent sur le roi. La couronne appartient dès lors à Ubu. Boleslas et Ladislas, les deux fils du roi, sont poursuivis par les forcenés, qui les abattent et pénètrent dans le château où se trouvent la reine Rosemonde et son plus jeune fils, Bougrelas, qui ont assisté à la scène tragique. Protégeant la fuite de sa mère par un escalier dérobé, Bougrelas se défend farouchement, massacrant quelques soldats et " décou[sant] la bidouille [d'Ubu] d'un terrible coup d'épée " (p. 58). Ayant trouvé refuge dans une caverne, dans la montagne, les malheureux conspuent ce " vulgaire Père Ubu, aventurier sorti on ne sait d'où, vile crapule, vagabond honteux " (p. 59). Bouleversée, la reine ne peut survivre à l'ampleur du désastre : elle meurt, laissant Bougrelas désespéré (il n'a que quatorze ans). Elle revient alors sous la forme d'un spectre, accompagnée des fantômes du roi, de Boleslas, de Ladislas et des ancêtres fondateurs de leur lignée : ils confient une grande épée à Bougrelas et lui remettent le soin de leur vengeance.

Au château, la Mère Ubu et Bordure suggèrent à Ubu de distribuer or et viandes au peuple afin d'éviter toute contestation. D'abord très réticent, Ubu finit par accepter. La distribution de l'or provoque un massacre collectif et Ubu s'exclame : " Quel beau spectacle ! Amenez d'autres caisses d'or ! " (p. 64)

Voilà Ubu aux commandes du pouvoir. Afin de s'approprier leurs biens, il fait arrêter tous les nobles, et les fait décerveler un par un. Puis c'est au tour des magistrats : Ubu rendra désormais seul la justice. Il se débarrasse enfin des financiers : il ira lui-même " de village en village recueillir les impôts " (p. 77) chose qu'il fait promptement, exigeant des paysans le versement immédiat d'impôts supplémentaires. L'injustice et l'arbitraire sont tels que les paysans prennent les armes. La bataille s'engage, bientôt au désavantage des paysans, qui s'enfuient : " le Père Ubu reste à ramasser la finance. " (p. 81)

Pendant ce temps, la bataille s'engage entre l'armée du Père Ubu et les troupes russes. Celles-ci poussent rapidement l'armée d'Ubu à la débandade : Ubu s'enfuit et trouve refuge dans une caverne lithuanienne, avec deux de ses acolytes. Attaqués par un ours sans qu'Ubu ne fasse le moindre geste pour les aider, sinon de vagues et fantaisistes prières, les deux compères réussissent à tuer la bête, qu'Ubu refuse bien sûr de dépecer malgré la faim qui les tenaille tous. Lorsqu'Ubu s'endort à la chaleur du feu, ses deux compagnons l'abandonnent.

Entre alors la Mère Ubu, cherchant elle aussi refuge après avoir traversé toute la Pologne, poursuivie par ses assaillants. Profitant de l'obscurité de la grotte, elle se fait passer pour " une apparition surnaturelle " afin de faire " promettre [à Ubu] de [lui] pardonner tous [s]es larcins " (p. 119). Peu impressionné, Ubu la démasque bien vite : furieux, " il la déchire " (p. 129).

Bougrelas et ses soldats retrouvent " les Ubs " (p. 133) et se ruent dans la caverne. La lutte est féroce puisque les partisans du Père Ubu arrivent à la rescousse. Ubu et sa femme réussissent à s'échapper et s'enfuient dans la plaine enneigée de Livonie, jusqu'à la mer Baltique qu'ils traversent en bateau pour rejoindre la France. Le texte se clôt sur La Chanson du décervelage, augurant des tristes programmes à venir !