Bouvard et Pécuchet de Flaubert (Fiche de lecture)

Cette oeuvre a provoqué des réactions très mitigées à sa sortie à cause de sa forme même : seul le premier chapitre racontant la rencontre des deux compères est narratif, les autres chapitres, consacrés à leur soif encyclopédique, ont souvent été jugés comme relevant d'un catalogue de nomenclatures scientifiques. Flaubert avait pensé donner comme sous-titre à l'oeuvre " Encyclopédie de la bêtise humaine " car il voulait peindre la vanité humaine.

À la mort de celui qu'il prenait pour son parrain et qui était en fait son père, Bouvard propose à Pécuchet d'aller vivre à la campagne. Celui-ci accepte à condition qu'ils attendent qu'il soit à la retraite et qu'il participe aux frais. Après de longues recherches, ils achètent une ferme et une maison en Normandie.

Ils découvrent leur ferme et font la connaissance de Germaine, leur servante, et de M. Gouy, qui gère leur propriété. Les deux amis s'enthousiasment pour l'agriculture, l'agronomie, le jardinage et l'horticulture en puisant leurs savoirs dans les livres. Mais en pratique, ils aboutissent à des désastres. Ils invitent la bourgeoisie locale à un repas pour lui faire découvrir leur jardin, mais des disputes politiques éclatent. Conclusion du chapitre et des échecs : " c'est que, peut-être, nous ne savons pas la chimie. " (p. 106)

Les deux amis se lancent donc dans la chimie organique, l'anatomie, la physiologie et la pharmacie, puis, intéressés par l'hygiénisme, ils finissent par tomber dans l'épicurisme. Peu convaincus, ils se tournent successivement vers l'astronomie, les sciences naturelles et l'archéologie. Cette dernière passion les mènent à menacer d'effondrement une falaise et à remettre en cause les textes de la Genèse concernant la création du monde. Ils engagent Mélie comme servante et Gorgu, un vagabond se prétendant ébéniste, pour la réparation d'un vieux meuble.

Maintenant passionnés d'antiquités, ils transforment leur maison en musée en accumulant des objets du passé. Ils s'intéressent à la culture celtique et volent même un vieux bénitier oublié dans le cimetière sous prétexte qu'il servait aux druides pour des sacrifices. Après quelques disputes avec le curé et le maire à ce propos, ils se passionnent pour l'histoire. Devant l'inexactitude de cette matière en ce qui concerne les dates et les faits, ils se lancent ensuite dans la biographie : ils veulent rédiger la vie du duc d'Angoulême. Mais ils abandonnent ce projet et ils concluent que " Sans l'imagination, l'histoire est défectueuse ". Ils font alors venir des romans historiques.

Ils ont tôt fait de relever les erreurs des romans historiques et ils s'intéressent alors aux autres genres littéraires : le théâtre, les romans d'amour, les romans humoristiques, les romans d'aventure, les tragédies et les drames romantiques. Ils font la lecture à Mme Bordin, une voisine que Bouvard finit par courtiser. Ils décident à leur tour d'écrire, mais butent devant la difficulté d'élaborer une trame et de trouver son style, et face à la nécessité de savoir la grammaire. Ils pensent que l'étude de l'esthétisme les aidera, mais ils s'égarent dans différentes théories souvent contradictoires. Mme Bordin leur rend visite pour acheter une partie de leur domaine.

Ils apprennent la proclamation de la République le 25 février 1848. Dès lors, tout le monde se passionne pour la politique et glorifie la république. Mais la satire sur les prochaines élections et les manipulations politiques des candidats refroidissent les esprits : Bouvard et Pécuchet sont déçus et inquiets. Lorsque Napoléon III renverse la république, ils trouvent que cela n'est pas si mal. Ils éprouvent par ailleurs du dégout pour le savoir et les déceptions qu'il entraine.