Une vie de Guy de Maupassant (Fiche de lecture)

Ce chapitre divise l'oeuvre en deux : on distingue le temps d'avant la Corse et celui d'après. Il s'agit sans doute du dernier moment de sa vie où Jeanne se sent encore pleinement heureuse. Elle s'extasie devant la nature et profite de l'amour qu'elle partage avec son époux. Néanmoins, c'est durant ce voyage que Julien montre les premiers signes de son avarice future.

Rosalie, la servante, est elle aussi moins gaie qu'auparavant. De plus, elle accouche d'en enfant bâtard et refuse de révéler le nom du père. Julien veut la chasser, mais Jeanne s'y oppose. Quelques jours plus tard, alors que la relation du couple semblait s'améliorer, Jeanne surprend Rosalie dans le lit de Julien. Écoeurée, elle s'enfuit. Sa vie s'écroule.

Remise de l'accouchement, Jeanne peut accompagner Julien chez leurs voisins, les Fourville, pour qui elle a beaucoup de sympathie. Cependant, un jour, alors que Jeanne se promène seule dans la nature, elle découvre que son mari entretient une liaison avec la comtesse de Fourville. Elle choisit de se taire. Toutefois, cette révélation l'enfonce davantage encore dans sa répulsion pour les plaisirs charnels.

Entretemps, l'abbé Piccot est remplacé par l'abbé Tolbiac. Celui-ci, rigide et austère, ne jouit d'aucune popularité. Il insiste pour que Jeanne dénonce la relation adultère de Julien, mais elle ne peut s'y résoudre. Le prêtre, furieux, la quitte. Quelques jours plus tard, il rend visite au comte de Fourville, visite suite à laquelle le comte, fou de rage, vraisemblablement en raison de la terrible révélation, part à la recherche des deux amants, les surprend et les tue. Jeanne, accablée, accouche le soir même d'un enfant mort-né.

Peu après son retour, elle se rend aux Peuples avec Rosalie et y trouve une lettre dans laquelle elle apprend que son fils vient de déménager. Paul requiert son aide : il explique que sa femme est mourante suite à son accouchement et il ne sait que faire de sa fille. Jeanne trouve en cette lettre une immense consolation. Rosalie va donc chercher l'enfant de Paul, dont Jeanne et elle décident de s'occuper.

Jeanne est un antihéros. Passive et sans combativité face à son destin, elle ne fait que subir son sort et, à l'occasion, s'en plaindre. Et son sort n'est fait que de petits faits : il ne lui arrive rien qui soit digne d'un roman. La plupart de ses aventures relève davantage de la mésaventure. Jeanne ne vit pas une grande destinée ; elle ne vit qu'une vie.

Maupassant était un auteur misogyne. Dans tous ses récits et ses contes, jamais il ne peint des femmes d'une grande intelligence et à la psychologie poussée. Toutes les femmes de ses récits ne font que subir la fatalité, tout comme Jeanne. Elles ne jouissent jamais d'un plein bonheur. Pour sa défense, il faut reconnaitre que c'était là une habitude ancrée dans les moeurs de l'époque. En outre, les descriptions de l'auteur laissent deviner une compassion certaine vis-à-vis des malheurs de ces dames.