Les Justes de Albert Camus (Fiche de lecture)

Au loin, le bruit de la calèche se fait entendre, puis le silence : l'attentat n'a pas eu lieu. Dora, au bord du désespoir, est persuadée que Yanek a été arrêté. Voinov arrive peu après. Il ne sait rien de ce qui s'est passé, il ne faisait que guetter le lancer de la première bombe pour pouvoir jeter la sienne.

Quelques instants plus tard, Yanek entre dans la pièce, en pleurs. Il n'a pas pu lancer la bombe, non pas à cause de la peur, mais parce qu'il y avait des enfants dans la calèche du grand-duc, ses neveux. Le jeune homme, atterré, s'en remet à la décision des autres membres du groupe. S'ils estiment que l'attentat doit avoir lieu, malgré la présence d'enfants, il lancera la bombe.

Annenkov, Voinov et Dora le soutiennent. De son côté, Stepan, furieux, n'est pas de cet avis (" Quand nous nous déciderons à oublier les enfants, ce jour-là, nous serons les maitres du monde et la révolution triomphera ", p. 59). L'animosité de Stepan envers Yanek est à son comble. Finalement, d'un commun accord, la décision est prise : l'Organisation ne peut tuer des enfants innocents. L'attentat est donc reporté au surlendemain.

De leur côté, Dora et Yanek profitent de leurs derniers instants d'intimité. Après les adieux, les révolutionnaires se séparent. Stepan et Dora restent seuls dans l'appartement. Sept heures sonnent. Le bruit de la calèche du grand-duc se rapproche, puis s'éloigne. Une explosion a alors lieu. Le grand-duc Serge est mort.

Vient ensuite Skouratov, le directeur du département de police. Il veut offrir à Kaliayev sa grâce à condition que le jeune homme livre ses complices. Le révolutionnaire refuse. Après cette deuxième visite, c'est au tour de la grande-duchesse de rencontrer Kaliayev. Elle a l'intention de l'infléchir, de lui montrer qu'il a tué un homme avant de tuer un régime. Elle veut que celui qui a tué son époux se confesse et qu'il vive pour qu'il soit un meurtrier.

Yanek Kaliayev est surnommé le Poète, en raison de sa sensibilité, de sa spontanéité et de son enthousiasme. Annenkov, sûr de sa valeur, l'a chargé de lancer la première bombe. Mais sa main n'a pu réaliser le geste fatal car des enfants se trouvaient dans la calèche du grand-duc. Lors du second attentat, il n'a pas hésité, prouvant ainsi son courage et sa détermination.

Kaliayev a toutes les qualités d'un " bon révolutionnaire " : il est capable de se montrer adroit, efficace, dissimulé (p. 46). Pourtant, c'est un terroriste atypique. Il aime avant tout la beauté et le bonheur. C'est pour cela qu'il veut la fin du despotisme. Le but de son action est de donner une chance à la vie. Il est prêt à tuer pour bâtir un monde où plus personne ne tuera. Ce n'est pas la haine qui se trouve au centre de son combat mais l'amour.