Les croix de bois de Roland Dorgelès (Fiche de lecture)

Les soldats apprennent, dépités, qu'ils partent à l'attaque le surlendemain alors qu'ils devaient être relevés après leur congé. La nuit, le narrateur observe ses camarades : " Le sommeil qui les emporte ressemble trop à l'autre sommeil [...] Des morts, tous des morts... " (p. 81), pense-t-il amèrement.

Après l'attaque, dont on sait juste qu'elle a décimé le régiment français, les soldats de l'escouade qui ont survécu regagnent la ferme, où ils trouvent une paix relative. L'idée de la guerre s'éloigne, mais le narrateur critique les gens du village qui la considèrent comme un spectacle et s'enrichissent sur le malheur des soldats. " On gagne encore plus là-dessus que sur la conserve " (p. 93), avoue l'épicier qui a ouvert un rayon de couronnes mortuaires.

Demachy se rend au café de la Marine pour rejoindre ses amis car le régiment dont ils font partie doit retourner au front. Sur sa route, la rivière en crue a emporté les croix de bois plantées sur les rives. Il passe devant des cadavres de soldats qui attendent d'être enterrés et reconnait un camarade, dont il se rappelle la longue agonie. Il arrive ensuite au village dévasté, dont la population s'est réfugiée dans les caves. Au café, les soldats s'amusent à lancer des projectiles insolites sur les Allemands qui passent.

Le narrateur et ses compagnons s'installent avec inquiétude dans leur nouvelle tranchée, appelée " l'enfer du secteur " (p. 132) : elle est bombardée sans répit. Ils s'aperçoivent en outre avec horreur que les ennemis creusent une mine pour la faire exploser. Ils espèrent ne pas sauter avant la relève prévue deux jours plus tard. Lorsque cette dernière arrive, ils plaignent les nouveaux arrivants... Ils entendent la détonation de la mine qui explose, quelques heures plus tard.

La bataille dure dix jours et occasionne de nombreuses pertes dans les deux camps. La victoire revient aux Français, mais le narrateur pense : " Comme c'est triste, un panorama de victoire ! " (p. 190), se remémorant les combats atroces, qu'il décrit longuement. Le régiment d'éclopés doit à contrecoeur défiler devant les habitants d'un village, émus par leurs blessures. Les soldats ressentent toutefois de la fierté.