Le supplément au voyage de Bougainville de Diderot (Fiche de lecture)

A et B commencent par lire le passage dans lequel est relaté le départ de Bougainville et de son équipage. Alors que les Tahitiens pleurent de les voir quitter l'ile, un vieillard de 90 ans qui les avait accueillis avec dédain s'approche de la foule et demande au peuple de se réjouir de voir partir les Européens. Il est persuadé qu'un jour ces étrangers reviendront à Tahiti pour assujettir les habitants de l'ile.

Le vieillard s'adresse ensuite à Bougainville et lui tient un long discours. Il affirme que jusque-là, les Tahitiens vivaient heureux, car ils suivaient le pur instinct de la nature. Alors qu'ils mettaient tous leurs biens en commun, les Français ont introduit la notion de propriété, ce qui a entrainé des conflits entre les habitants de l'ile. Ils étaient sains et robustes, et les Français leur ont transmis des maladies vénériennes : les Tahitiens devront donc massacrer les personnes infestées pour que la maladie cesse de se propager. Les hommes et les femmes s'accouplaient sans honte, à la face du ciel, au gré de leurs désirs, et les Français leur ont inculqué la notion de fidélité et de pudeur. Depuis, les femmes se déchirent entre elles et les couples ne procréent plus sans rougir.

L'aumônier est accueilli par Orou. Tous deux ont environ 35 ans. En signe d'hospitalité, Orou offre au prêtre de dormir avec l'une de ses trois filles ou avec sa propre femme. Il lui demande d'accorder sa préférence à la plus jeune qui n'a encore jamais été mère, dans l'espoir que l'aumônier lui fasse un enfant. Celui-ci commence par protester au nom de sa religion, mais il finit par céder.

Le lendemain, Orou lui pose des questions sur la religion, un mot qu'il ne connait pas. L'aumônier lui parle alors des principaux préceptes religieux, qui interdisent à une femme et à un homme de coucher ensemble s'ils ne sont pas mariés et qui prohibent l'inceste et l'infidélité. Orou trouve ces règles absurdes, contraires à la nature et à la raison.

Orou décrit les usages matrimoniaux des Tahitiens. Il affirme que l'adultère et l'inceste ne sont pas considérés comme des crimes. Au contraire, tout ce qui peut permettre d'augmenter la population de l'ile est perçu comme un bienfait, les enfants étant considérés comme une richesse. Il explique que le seul critère du " bien " et du " mal " est l'intérêt général.

Ensuite, Orou révèle à l'aumônier que si les Tahitiens ont offert leurs femmes aux membres de l'équipage de Bougainville, c'est avant tout par intérêt : ils ont l'espoir que les enfants qui naitront de ces unions auront à la fois l'intelligence des Français et la robustesse des habitants de l'ile.

Après la lecture du Supplément, A et B reprennent leur conversation. A se demande quelles sont les conclusions à tirer de l'exemple de ce peuple qui a calqué tous ses usages sur la nature. Les personnages passent donc au crible toutes les institutions et les coutumes européennes, afin de savoir dans quelle mesure elles contraignent l'homme à un comportement contre-nature.