Le Premier homme de Camus (Fiche de lecture)

Un couple dont la femme est enceinte et leur fils arrivent à bord d'une carriole conduite par un Arabe au village de Solférino, sur les hauts plateaux d'Algérie, non loin de la frontière tunisienne. Le père vient d'y prendre la gérance d'une terre. Ils ne sont pas encore entrés dans la ferme que la femme commence à sentir les premières contractions. Alors que son mari part chercher un médecin, elle est prise en charge dans la maison par des femmes arabes. À l'arrivée du praticien et de son mari, elle a déjà accouché. L'enfant n'est autre que le héros de l'histoire, Jacques Cormery, le double de l'auteur.

Quarante ans plus tard, Jacques voyage en train depuis Paris vers Saint-Brieuc. À la demande de sa mère, il se rend au cimetière pour voir la tombe de son père mort pendant la guerre de 1914. Pour lui, cette démarche n'a pas de sens, car son père est comme un inconnu, il ne lui reste aucun souvenir de lui. Ce n'est que parce que l'un de ses amis s'est retiré à Saint-Brieuc et qu'il pourra ainsi lui rendre visite qu'il décide de se rendre au cimetière. En découvrant les dates sur la pierre tombale, il est pourtant ébranlé : son père est mort alors qu'il était plus jeune que lui. Cela le pousse à faire des recherches sur celui qui lui a donné la vie.

Jacques dine avec son ami, Victor Malan, à qui il avoue ses sentiments et sa profonde admiration. Cet homme semble être un père pour lui. Jacques lui dévoile son projet de chercher des renseignements sur son père, mais Victor craint qu'il ne soit déçu. À la fin de la soirée, Victor Malan s'excuse de ne pas répondre à l'affection de Jacques. Ce chapitre devait être supprimé, comme l'indique une note de l'auteur.

Sur le bateau qui le mène en Algérie, Jacques Cormery, aidé par le soleil, se rappelle les siestes dans l'appartement d'Alger avec sa grand-mère. Lorsqu'il faisait trop chaud, celle-ci lui imposait de dormir avec elle. Pour Jacques, ces siestes étaient des moments de grand ennui. Le voyage en bateau est l'occasion pour l'auteur de décrire le soleil africain propice à la rêverie. Il fait aussi le portrait de sa grand-mère, un portrait autoritaire qui ne laisse pas de place à l'affection.

Jacques rend visite à sa mère à Alger. Elle apparait " douce, polie, conciliante, passive [...] isolée dans sa demi surdité " (p. 71). Il lui parle de son père, mais Lucie Cormery ne se souvient que de très peu de choses : ses souvenirs se limitent à peu près à l'annonce de la mort de son mari par le maire et à la remise du morceau d'obus qui l'avait blessé à mort. Dans la rue, une explosion retentit, leur rappelant qu'ils sont au coeur de la guerre d'Algérie. En effet, le temps de la narration se situe en 1954.

La famille de Jacques était extrêmement pauvre. L'auteur évoque le peu de mémoire des pauvres : ils ont moins de repères dans le temps et dans l'espace que les riches. Ensuite, l'auteur évoque un souvenir, qui n'est pas le sien, mais celui de son père. Il s'agit de l'épisode de l'exécution de Pirette, un meurtrier. Son père y avait assisté. Jacques se souvient de son retour à la maison et de ce qu'il lui avait raconté. Ce souvenir est très présent en lui, à tel point qu'il a l'impression d'avoir accompagné son père à cette exécution.

Le chef de sa famille était sa grand-mère. Aussi n'est-il pas étonnant que Jacques en fasse une description détaillée. Figure d'autorité, c'est elle qui gérait l'argent, l'achat des vêtements, des courses et toutes les activités de la famille. Ce n'est cependant pas sa famille qui lui a inculqué les valeurs morales ; seuls ses instituteurs lui parlaient parfois de morale.