Atala de Chateaubriand (Fiche de lecture)

Malgré un passé douloureux, Chactas, le patriarche de la tribu des Natchez, voue une certaine admiration aux Français, et lorsque l'un d'eux, prénommé René, dit vouloir devenir un guerrier Natchez, il le prend sous son aile et lui offre Céluta en mariage. Une nuit, René demande à Chactas de lui raconter sa vie.

Chactas raconte alors qu'il avait dix-sept ans lorsque son père fut tué au cours d'une bataille avec les Espagnols contre la tribu des Muscogulges. Lui-même blessé, il fut transporté à Saint Augustin où un espagnol dénommé López l'accueillit chaleureusement et tenta vainement de le convertir au christianisme. Bien que reconnaissant, Chactas décida de retourner à sa vie d'Indien, car la nature lui manquait cruellement. Malheureusement, les Muscogulges et leurs alliés Siminoles le firent bien vite prisonnier. Sur le chemin de Apalachucla, où il devait être sacrifié, Chactas tomba amoureux d'une femme mystérieuse portant un crucifix et qui lui rendait secrètement visite toutes les nuits : c'était Atala, la fille du chef Siminole. Une nuit, elle libéra Chactas, mais celui-ci refusa de s'enfuir sans elle. Ils errèrent alors tous les deux. Atala était en proie à une lutte interne entre ses propres passions et une foi chrétienne apparemment inébranlable. Rattrapés par des guerriers Siminoles, Chactas fut condamné au bucher par les sages de la tribu, mais à la faveur de la nuit, Atala réussit à nouveau à le libérer. Ils vécurent alors un temps dans la nature sans qu'Atala ne s'offre à Chactas, un lourd secret l'en empêchant. Durant un terrible orage, Atala révéla à Chactas que López était son vrai père. Fort de ce nouveau lien et alors qu'Atala était sur le point de succomber à la tentation, ils entendirent une cloche sonner. Un ermite, le père Aubry, n'avait pas hésité à braver la tempête pour les secourir avec son chien. Il les conduisit jusqu'à sa grotte.

Une fois dans la grotte, ils reprirent des forces et racontèrent à l'ermite leurs tribulations. Le père Aubry proposa d'instruire Chactas dans le respect de la religion chrétienne avant de les marier. Il leur apprit qu'il faisait son possible pour aider les Indiens depuis trente ans, bien qu'une mésaventure avec eux lui valut d'avoir les mains mutilées. Le lendemain, laissant Atala se reposer, Chactas et le père Aubry se rendirent à la mission que ce dernier avait fondée. Chactas en découvrit alors le bon fonctionnement et put apprécier le respect que les indiens manifestaient à l'égard du père Aubry. Séduit par cette vie stable et occupée, supérieure à la vie sauvage grâce au christianisme, il s'imagina couler des jours heureux dans ce village avec Atala.

De retour à la grotte, ils trouvèrent Atala étendue dans les ténèbres, fiévreuse et mourante. Elle leur révéla alors son secret : sur son lit de mort, sa mère lui avait fait promettre de rester vierge pour remercier Dieu de l'avoir épargnée à sa naissance car celle-ci fut fort difficile. Après avoir apaisé la colère qu'une telle promesse, jugée contre nature, avait réveillé chez Chactas, le père Aubry leur apprit qu'un évêque pourrait libérer Atala de ses voeux, une fois guérie. Atala en fut bouleversée car elle avait commis l'irréparable : afin de ne pas trahir sa parole, elle s'était empoisonnée. Le désespoir de Chactas fut immense et le père Aubry fit son possible pour accompagner au mieux Atala dans la mort, lui assurant que Dieu lui pardonnerait son acte et qu'elle n'avait à regretter ni ce monde, qui n'était que souffrances, ni l'amour humain, inconstant et illusoire. Juste avant de mourir, Atala donna son crucifix à Chactas et afin de pouvoir se retrouver dans l'au-delà, elle lui fit promettre de se convertir au christianisme, ce que ce dernier tardera à faire.

Chactas, fou de douleur, se laissa peu à peu apaiser par les mots simples et les gestes amicaux du vieil homme. Ensemble, ils convinrent du meilleur endroit où ensevelir le corps d'Atala. Puis, le père Aubry dissuada Chactas de rester à ses côtés, l'incitant plutôt à repartir vers sa patrie pour retrouver les siens. Le lendemain, Chactas se mit donc en route, non sans avoir rendu un dernier hommage à sa bien-aimée.

Le narrateur, qui dit tenir cette histoire d'un indien Siminole, en souligne les enseignements et vante les vertus du christianisme. Puis, il relate comment, alors qu'il se rendait aux chutes du Niagara, il rencontra la fille de Céluta (la petite fille de René), pleurant la mort de son nourrisson. Céluta lui raconta que des Chéroquois, hostiles aux Français, avaient envahi la mission du père Aubry, que celui-ci était mort sur le bucher en priant pour le salut des âmes de ses bourreaux, et que Chactas était alors retourné sur les ruines de la mission pour rapporter les ossements du vieillard et ceux d'Atala. Céluta lui apprit aussi que Chactas et René, par la suite, avaient péri dans les combats contre les Français.

Atala est une jeune indienne chrétienne, fille adoptive de Simaghan, chef Siminiole, mais fille naturelle de López, un espagnol qui accueille Chactas chez lui des années plus tard. Elle tombe amoureuse de Chactas lorsque celui-ci est fait prisonnier par les Siminioles, mais elle est en proie à des sentiments contradictoires : sa passion pour Chactas et sa volonté de respecter la promesse de rester vierge, faite à sa mère. Consciente qu'elle est sur le point de succomber à son désir, elle préfère s'empoisonner et apprend, désormais impuissante, qu'elle aurait pu rompre ses voeux de chasteté auprès d'un évêque. Ce personnage, qui reste égal à lui-même tout au long de l'oeuvre, permet ainsi de mettre en lumière les dangers de l'ignorance en matière de religion, son suicide étant une erreur aux conséquences dramatiques. Atala représente aussi les contrariétés du coeur humain, ce qui la rapproche des grandes héroïnes antiques souvent de rang noble et qui, comme elle, sont déchirées entre leurs passions et leur sens moral et se trouvent dans l'impossibilité de vivre leur amour à cause de forces qui les dépassent.