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De la théorie à la réalité : comment la logique libérale tend à concrétiser le postulat de l'égoïsme universel de l'homme |
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Document sous licence CC : http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/. Cet essai a été réalisé dans le cadre des cours Grandes Tendances donnés par Nicole d'Anglejan, Ludovic François, Daniel Grande, Fabrice Larceneux et Thanh Nghiem, dans le cadre de la Majeure Alternative Management, spécialité de troisième année du programme Grande Ecole d'HEC Paris. Il a été encadré par Thanh Nghiem. De la théorie à la réalité : comment la logique libérale tend à concrétiser le postulat de l'égoïsme universel de l'homme.
Résumé : Partant du constat que les hommes sont incapables de se mettre d'accord sur une morale et une conception de la vie bonne, les libéraux proposent un système de société qui ne s'appuie sur aucun présupposé moral, donc "amoral". Fondé sur la liberté individuelle, ce système relègue la morale à la seule sphère privée. Pour gérer la société sur la base de ce principe, il faut, dès lors, s'appuyer, selon eux, sur les mécanismes impersonnels que sont le droit abstrait et le marché. Ce dernier permet a priori de canaliser les intérêts individuels et de les orienter vers l'intérêt général, au travers du mécanisme de la " main invisible " décrit par Adam Smith, tout en pacifiant la société (le " doux commerce " de Montesquieu). Pour qu'un tel système fonctionne à grande échelle, les individus doivent accepter de suivre leur intérêt bien compris et se libérer de tout ce qui les empêche d'agir rationnellement : leur comportement doit donc suivre un principe utilitariste. Or, la maximisation utilitariste n'est qu'une des facettes du comportement humain, comme le montrent des auteurs comme Marcel Mauss et George Orwell : certains comportements humains peuvent être fondamentalement désintéressés, sans être pour autant de la pure charité. Ces comportements ne sont pas compatibles avec l'image de l'homo oeconomicus, figure moderne de l'utilitarisme que le système tente d'ériger en norme. Ils sont dès lors menacés par l'extension de la logique libérale. Derrière les appels incessants à " l'adaptation des mentalités au changement " (dont la " nécessaire " réhabilitation de la notion de profit est un bon exemple), se profile une lutte essentielle pour le devenir de l'homme : la tentative de marchandisation de tout bien ou richesse par l'économie de marché pousse l'homme vers un égoïsme rationnel et calculateur. Ainsi, le libéralisme fait reculer les frontières de cette part irréductible d'humanité qu'incarne, notamment, l'esprit du don analysé par Mauss. Comment en sortir ? Entre autres par l'éducation, et le retour à des valeurs simples telles la "common decency" décrite par George Orwell.
A l'heure de la division du travail et de la spécialisation des savoirs, l'interdisciplinarité n'est pas à la mode. Elle est pourtant précieuse dans la démarche de celui qui cherche à rendre le monde intelligible. Ainsi, on reproche souvent aux économistes leur manque d'ouverture aux autres disciplines, le degré d'abstraction de la " science économique " les privant des apports cruciaux de bien des courants de pensée. Parmi ceux-là, une place importante doit être réservée aux résultats de l'anthropologie moderne, et notamment aux travaux de Marcel Mauss sur le don. On y trouve " la plus magnifique
Mauss et ses disciples montrent en effet que, contrairement à ce que postulent les libéraux, il n'est pas dans la nature de l'homme de chercher à satisfaire systématiquement son intérêt particulier. Nous chercherons à développer cette idée dans cet essai. Pour ce, nous essaierons de présenter la philosophie libérale dans son unité originelle, au-delà des désaccords secondaires entre ses différents courants, en nous appuyant d'une part sur l'analyse qu'en donnent des auteurs contemporains tels que les philosophes Jean-Claude Michéa et Dany-Robert Dufour, et d'autre part sur les grands auteurs libéraux eux-mêmes ; à commencer par Friedrich Von Hayek, au travers notamment d'une lecture de La Route de la Servitude.
Il est courant de présenter l'émergence de la philosophie libérale au 18ème siècle comme une réaction faisant suite aux multiples guerres civiles idéologiques qu'a connues l'Europe lors des décennies et siècles précédents2. Par " guerre civile idéologique ", nous entendons l'affrontement entre différentes conceptions du Bien, entre idéologies morales, c'est-à-dire entre " constructions métaphysiques particulières, généralement fondées sur une théorie de l'ordre naturel, de la volonté de Dieu ou du Sens de l'Histoire, voire sur une mystique de la race ou de la tribu "3. Les guerres de religion en constituent, bien sûr, l'exemple archétypique. La construction philosophique libérale s'appuie, plus généralement, sur l'idée qu'il n'existe pas de Vérité (en-dehors des vérités mathématiques), et qu'il est par conséquent vain d'espérer des hommes qu'ils se mettent d'accord sur une définition commune du Bien. Dès lors, pour les libéraux, l'individu n'a de légitimité dans la sphère publique que dans la poursuite de son intérêt bien compris, mesurable objectivement, tout le reste, aussi important soit-il, devant relever uniquement de la sphère privée.
Il s'agit donc, pour eux, de bâtir une société qui serait en mesure de canaliser les intérêts égoïstes et de les orienter vers le bien commun ; la morale, la religion, la philosophie et plus généralement toute subjectivité, devant être systématiquement renvoyées au niveau de l'individu. Cette idée inscrit un certain pessimisme aux fondements de la philosophie libérale, qui a tendance à se penser comme un moindre mal (car refusant de poursuivre le Bien), le pire des régimes à l'exception de tous les autres comme disait Winston Churchill à propos de la démocratie. Il existe cependant chez les libéraux un contrepoids à ce désenchantement, une pointe d'un optimisme originel : la croyance en la capacité de " l'industrie " à détourner les énergies guerrières des hommes de la guerre de tous contre tous vers la guerre rationnelle de l'homme contre la nature et ses fins a priori utiles à tous.
La solution libérale consiste donc à faire de la liberté individuelle, notamment la liberté d'opinion et de croyance, le fondement de la pacification de la société. Cette liberté trouve à s'exprimer tout particulièrement dans la propriété privée, conséquence logique de la propriété de soi et du travail, comme le montre John Locke.
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