Guide complet de construction et de gestion de portefeuille

L'univers financier d'aujourd'hui semble bien différent. Qu'y découvre-t-on ? La gestion de portefeuille est devenue mondiale tout comme ses crises et ses outils. La prime de risque des actions a été négative sur les 10 dernières années et les taux d'intérêts sont à un niveau plancher. La volatilité connaît régulièrement de violentes explosions au gré du sentiment des investisseurs et des nouvelles macro-économiques. Les " accidents " supposés n'arriver qu'une fois par millénaire dans un monde normalement distribué s'observent désormais plusieurs fois par décennie. Les corrélations entre actifs sont faibles, sauf lorsqu'elles devraient l'être pour limiter les dégâts. Enfin, les risques les plus exotiques et indésirables sont titrisés, puis soigneusement cachés dans des produits ensuite vendus au grand public. Quant à la capacité des grands Etats d'hier à honorer leur dette, elle est et sera de plus en plus souvent remise en cause, alors que les pays émergents semblent mieux tirer leur épingle du jeu. Mais pour combien de temps ?

On peut supposer raisonnablement que la plupart des investisseurs visent avant tout à préserver leur capital, puis si possible à générer une certaine croissance de ce capital si des opportunités d'investissement se présentent. Or, qui dit opportunités et croissance dit aussi prise de risque, et donc risque de perte. L'investisseur avisé devrait donc se soucier principalement des risques de perte qu'il prend lorsqu'il constitue son portefeuille. Malheureusement, il existe un ensemble de questions que la plupart des modèles n'abordent pas, ou auxquelles ils ne répondent que partiellement. Comment mesurer de manière adéquate ces risques si l'on admet que la volatilité n'est qu'une approximation du risque uniquement valable dans un monde symétrique et gaussien ? De plus, le risque réel d'une entreprise ne devrait pas reposer sur le fait que son action est volatile mais plus sur le fait que l'entreprise soit bien gérée ou pas. Comment arriver à analyser les différentes classes d'actifs non pas en fonction d'une classification arbitrairement imposée, mais plutôt en termes de la nature des risques encourus ? Comment intégrer les hedge funds et le private equity, qui ne sont pas de nouvelles classes d'actifs, mais plutôt une manière différente d'investir dans des actifs traditionnels ? Enfin, comment réconcilier les anciennes approches d'investissement, qui étaient basées sur la seule analyse des fondamentaux que sont les bénéfices ou l'évolution de données macro-économiques, avec les nouvelles théories comme celles issues de la finance comportementale et qui admettent l'influence de facteurs irrationnels, comme l'excès de confiance, le mimétisme, les erreurs de perception, et autres bais psychologiques des investisseurs sur la formation des cours de bourse ?

L'ouvrage de Lukasz Snopek se propose de répondre à toutes ces questions. Remettre en cause les dogmes d'hier n'est jamais facile et présente en particulier le risque de détruire sans chercher à reconstruire. Fort heureusement, l'auteur a soigneusement évité ce piège. Non seulement il discute et illustre parfaitement les limites des modèles d'investissement existants, mais il propose en plus un nouveau cadre de construction de portefeuilles basé sur une allocation stratégique à long terme combinée à une allocation tactique " multi-forces ". Cette dernière permet en particulier d'intégrer l'ensemble des différents éléments macro-économiques, fondamentaux, techniques et comportementaux qui peuvent influencer les prix dans un marché financier. Elle offre donc un cadre de réflexion global et applicable à tous les types d'investissements et de portefeuille.

L'approche qui va être proposée en matière de construction et de gestion de portefeuille vise à privilégier un mode de gestion axé sur les risques qui le composent et non plus sur les rendements espérés, qui sont difficiles à prévoir. Pour aider l'investisseur à optimiser au mieux ses rendements et à minimiser ses risques, une réflexion profonde et critique a été nécessaire.

En effet, il est souvent difficile de remettre en question ce qui nous a été enseigné et que nous utilisons depuis de nombreuses années. Par conviction, habitude, appartenance à un courant de pensée ou encore facilité ? Ou plutôt par manque de courage, de curiosité ou de pragmatisme ?

La réponse dépend certes de chaque individu, mais dans un monde nécessitant une continuelle adaptation et remise en question, il convient aujourd'hui plus que jamais de reconsidérer notre manière d'investir, et de poser un regard parfois critique sur les théories financières basées la plupart du temps sur des hypothèses fragiles. Il apparaît aujourd'hui de plus en plus évident que les mouvements de marché ne peuvent plus être entièrement expliqués par ces théories et que de nouvelles voies doivent être explorées.