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Kaldor et la théorie keynésienne de la répartition |
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Economist
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Kaldor et la théorie keynésienne de la répartition - Disponible sur l'archive ouverte pluridisciplinaire HAL.
Kaldor rejetait ce recours à la théorie " néo-classique " de la répartition. Le problème fondamental d'une telle approche réside, selon lui (Kaldor, 1955-6 : 90), dans le sens qu'il convient de donner au mot " capital " quand il désigne un facteur de production. Tandis que la terre peut être mesurée en hectares et le travail en heures, le capital considéré comme distinct des biens capitaux ne peut être mesuré en termes physiques. Pour évaluer le produit marginal du travail, il est nécessaire de comparer deux situations distinctes où le même capital serait utilisé par deux quantités différentes de travail. Il conclut que l'idée que les parts relatives des salaires et des profits dans le produit sont déterminées par le taux marginal de substitution entre capital et travail n'est pas acceptable car, contrairement au taux de substitution entre le travail et la terre, le taux marginal de substitution entre capital et travail ne peut être déterminé que si les taux de salaire et de profit sont déjà connus.
Pour résoudre le problème d'Harrod, Kaldor propose une toute autre solution qui repose sur l'idée que la propension à épargner des salariés est inférieure à celle des capitalistes. L'hypothèse critique de son modèle est que le taux d'investissement est la variable indépendante qui détermine, à la fois, la part des profits dans le produit, le taux de profit et le taux de salaire réel. Si la marge de profit est flexible, elle peut s'ajuster de façon que le taux de croissance " garanti " soit égal au taux de croissance naturel.
Kaldor (1979 : xxiii) souligne qu'il s'est inspiré dans l'élaboration de sa théorie de la répartition des contributions de Keynes dans le Traité de la monnaie (1930) et de Kalecki dans son article sur la " théorie des profits "1 (1942). La comparaison entre les analyses de Kaldor, de Keynes et de Kalecki sera notre point de départ. Elle montre que, si l'idée que les investissements déterminent les profits est commune à ces trois économistes, seul Kaldor prétend expliquer, par cette thèse, la part des profits dans le produit. On montrera ensuite
Kalecki avait analysé ce problème dès 1933 dans un essai intitulé "Próba teori koniunktury" qui fut publié, en polonais, par l'institut pour l'étude des cycles des affaires et des prix. Une traduction partielle en anglais fut publiée, en 1935, par Econometrica sous le titre "A Macrodynamic Theory of Business Cycle". La même année, une version française parut dans la Revue d'économie politique sous le titre " Essai d'une théorie du mouvement cyclique des affaires ".
Kaldor s'appuie sur le principe du multiplicateur pour expliquer la répartition du revenu entre salaires et profits. La troisième partie de cet article analysera les débats que suscita la contribution de Kaldor. Pasinetti (1962) crut déceler dans l'argumentation de Kaldor une faille logique. Alors que les salariés épargnent, dans ce modèle, une fraction de leurs revenus, ils n'en tirent, apparemment, aucune rémunération. Il proposa donc une reformulation de la thèse de Kaldor qui montre que le taux de profit, sur un sentier de croissance équilibrée, est entièrement déterminé par le taux de croissance de la quantité de travail efficace et par le taux d'épargne des capitalistes. La propension à épargner des salariés n'affecte ni le taux de profit, ni le partage du revenu entre salaires et profits. La discussion qui s'engagea alors, porta sur la formulation de la fonction d'épargne globale et sur l'existence d'un autre équilibre " dual " dont les caractéristiques ne dépendent que de la propension à épargner des salariés et sur la stabilité de l'équilibre.
" Je pensais depuis longtemps que la part des profits dans le revenu national était déterminée par des forces macroéconomiques qui assurent que les dépenses des entrepreneurs eux-mêmes engendrent les profits qui servent à financer ces dépenses. Dans une étape initiale, je fus conduit à cette conclusion à travers l'étude de l'énigme de la jarre de la veuve dans le Traité de la monnaie de Keynes qui est hautement suggestive mais qui n'est pas correctement intégrée dans le cadre théorique du Traité ni explicitement considérée dans la Théorie Générale. L'article de Kalecki sur Une théorie des profits permet de franchir une étape supplémentaire en clarifiant la nature de l'asymétrie entre la position des "capitalistes" et des "salariés" qui est résumée par la phrase bien connue "les capitalistes gagnent ce qu'ils dépensent, tandis que les salariés dépensent ce qu'ils gagnent". Mais, il ne développa pas cette idée en une théorie de la répartition, car pour ce qui regarde la détermination des parts du produit, il continua à s'appuyer sur la théorie du "degré de monopole" pour expliquer la relation entre salaires et profits " (Kaldor, 1979 : xxiii).
Ce que Kaldor (1960: xxiii) tira de la lecture de Keynes, c'est l'idée que les dépenses qu'effectuent les entrepreneurs engendrent les profits qui servent à financer leurs dépenses. Et, effectivement, Keynes (1930: 125) soutient que si les entrepreneurs décident de dépenser une fraction de leurs profits en les consommant, les profits qu'ils tirent de la vente des biens de consommation sont accrus d'un montant exactement égal aux profits qui ont été ainsi dépensés. Si ces deux idées apparaissent similaires, si l'analyse de Kaldor s'appuie sur celle de Keynes, il faut cependant admettre qu'il existe entre Kaldor et Keynes des différences. On peut se demander si Kaldor ne les a pas sous-estimées et si cette sous-estimation ne l'a pas conduit à introduire dans son raisonnement la faille logique que Pasinetti (1962) mit en évidence (O'Connell, 2009).
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