L'Impromptu de Versailles de Molière (Fiche de lecture)

La pièce s'ouvre sur Molière, seul en scène, qui appelle tour à tour ses comédiens (le seul comédien à ne pas être présenté est la Thorillière). Molière expose le sujet de la pièce. La troupe doit jouer dans deux heures une pièce commandée par le roi. Les comédiens ne connaissent pas leurs rôles et rechignent au travail. Devant leur mauvaise volonté, Molière rappelle son engagement auprès du roi.

Ces scènes sont consacrées à la répétition de la pièce : on y voit les comédiens y développer leur jeu. Elles sont entrecoupées par les instructions de Molière, metteur en scène, qui oriente ses comédiens sur la bonne façon de jouer. Il n'y a pas de sujet à proprement parler pour cette pièce. Néanmoins, la scène se déroule dans l'antichambre du roi, et Molière s'y moque de l'étiquette et du rôle ridicule que jouent certains courtisans pour plaire au roi.

Ces scènes font intervenir fâcheux (type du gêneur) et nécessaires (personnes qui se croient indispensables) qui empêchent le déroulement de la répétition. La scène 2 voit l'irruption d'un marquis en pleine répétition. Ce dernier ne cesse d'importuner la troupe par d'incessantes questions. Aux scènes 6, 7, 8 et 10, les nécessaires rappellent à Molière que la représentation devant le roi est imminente et que ce dernier attend.

Molière fait intervenir in extremis un personnage sans lequel la comédie ne trouverait pas une conclusion satisfaisante : le roi intervient à la manière d'un deux ex machina, dénouement courant dans la tragédie. Les comédiens ne sachant toujours pas leurs rôles, le roi décide de leur accorder un délai supplémentaire et remet à une autre fois la présentation de cette nouvelle pièce.

Hérité d'une longue tradition théâtrale, le fâcheux est le type même du gêneur. Il empêche l'action de continuer, souvent par un interminable récit sans lien avec la scène qui se déroule sous les yeux du spectateur. Dans notre pièce, le marquis fâcheux interrompt la répétition en posant mille questions sur la pièce. Il insiste également pour assister à la répétition. Ce personnage est joué par La Thorillière, seul comédien à ne pas être annoncé au début de la pièce. Il apparait donc, non comme un personnage joué, mais comme un véritable opportun tant la situation renvoie au réel. De ce fait, il participe à la mimésis comique.

Il remplit la fonction du " raisonneur ", personnage neutre au nom souvent allégorique, détenteur du bon sens et bon gout, représentant du naturel, de la sagesse et de la raison. Souvent porte-parole de Molière, il participe aux débats sur un ton modéré et modérateur. Il sanctionne le ridicule et tempère les entêtés en apportant une parole éclairée sur les débats en jeu. Équivalent du galant ou de l'honnête homme, il incarne le juste milieu.

Cette grande comédie, en cinq actes et en vers, déclenche une polémique à la fois d'ordre esthétique et moral. Intellectuels comme gens de cour participent au débat. On reproche à Molière son égarement moral, ainsi que son obsession pour la jalousie masculine, les quiproquos amoureux et les cocufiages. Surtout, on l'attaque sur son recours systématique à la farce, à la parodie et à la caricature.