Point de conjoncture : un rebond avorté ?

Publié par : Frenchcorp

Des gouvernements pris en étau entre le ralentissement de leur économie et les contraintes budgétaires - des banquiers centraux confrontés, malgré leur expansionnisme monétaire, à la faiblesse de la croissance et au retour du risque déflationniste - des entreprises et des investisseurs qui vont devoir faire face à une volatilité accrue des marchés dans un environnement de plus en plus incertain : la reprise économique, amorcée fin 2009, ferait-elle long feu ? http://www.institut-entreprise.fr/index.php?id=1421


Consulter un extrait ci-dessous

Zoom sur la situation américaine L'immobilier et l'accès à la propriété étaient au c?ur de la crise, qu'en est-il aujourd'hui ? Sur longue période, si l'on observe le nombre de propriétaires aux États-Unis, on constate qu'il est plutôt stable jusqu'au milieu des années 1990 pour atteindre un niveau considérable au début des années 2000. Cette progression, qui n'est pas condamnable en soi, n'a cependant été possible que grâce à l'appui d'une industrie financière devenue alors tout à fait débridée et sans limite. Depuis 2005 et avec une accélération en 2007 ce nombre de propriétaires baisse et l'on n'aperçoit pas pour l'instant le terme de cette tendance : s'il a fallu dix ans pour atteindre les niveaux d'avant crise, il en faudra peut-être de nouveau dix pour revenir aux niveaux initiaux. Ainsi, l'économie américaine doit gérer un problème massif et un stock considérable de maisons à absorber. Par ailleurs, on compte environ dix millions d'américains, propriétaires de leur logement, pour qui leur emprunt coûte plus que le prix de leur logement. Ce problème est structurel et risque de se prolonger dans le temps. Les mauvaises conséquences de cette situation ne doivent pas être oubliées : un ménage bloqué dans une région à cause d'un logement qu'il ne peut revendre est moins mobile et ainsi moins apte à retrouver rapidement du travail. Le problème de l'immobilier est donc lié à celui du chômage.


Entre 2001 et le début de l'année 2008, on peut observer une relation de concordance entre les offres d'emplois des entreprises et le chômage. Si l'on extrapole cette relation à la situation actuelle, on devrait constater un chômage proche de 6 % et non de 9.5 % comme c'est le cas. Cet écart croissant peut être une illustration de l'inadéquation entre des entreprises qui depuis un an offrent des postes et un chômage qui ne baisse pas. Les secteurs qui recrutent ne trouvent pas, pour ainsi dire, " chaussure à leur pied " dans la masse des chômeurs. On a détruit 2,5 millions d'emplois dans la construction et comme à moyen terme de nouvelles maisons ne seront pas construites à un rythme suffisamment élevé, les chômeurs compétents dans ce domaine ne retrouveront pas d'emploi.


L'impact de l'emploi a nécessairement des effets sur la politique monétaire, mais lesquels exactement ? Soit on pense que le taux de chômage est purement conjoncturel, alors dans ces conditions la politique monétaire sert à faire de la stabilisation par assouplissement du réglage monétaire et ainsi à favoriser la baisse du chômage. Soit on considère que la situation actuelle a des causes structurelles et donc que la main-d'?uvre a perdu de sa mobilité et de sa flexibilité, alors on peut pratiquer tous les assouplissements quantitatifs sans que cela ait d'impact positif.


De plus, si celles-ci sont plus problématiques c'est dans la mesure où les 15 années passées sont censées avoir mis en place de la convergence, à l'image des critères de convergence définis par Maastricht, même si leur statut et définition sont questionnables. En outre, les marchés du travail ont eu un fonctionnement qui les apparentait de plus en plus avec de faibles dispersions. Ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui : alors que l'Allemagne voit son taux de chômage diminuer, d'autres économies voient quant à elles ce taux continuer d'augmenter ou stagner. Le grand enjeu aujourd'hui est donc de s'interroger sur les façons de fabriquer à nouveau de la convergence et en la matière les débats sont multiples. Le point crucial est que la situation actuelle est tout à fait problématique et rend justement difficile la définition de conditions et moyens de convergence. L'exemple de la politique monétaire est tout à fait parlant : avec de fortes disparités, la moyenne n'a plus aucun sens. Devra-t-on continuer de faire la politique monétaire comme aujourd'hui, à savoir pour la périphérie alors que celle-ci représente 15 % du PIB ? Il n'est pas raisonnable à long terme d'imaginer que cette périphérie continue d'absorber 50 % des refinancements bancaires. Devra-t-on au contraire mettre en place une politique monétaire plus en faveur de l'Allemagne ? Ces questions restent ouvertes et témoignent des changements profonds actuels.


Comme chacun sait, la banque centrale va mettre en place un nouvel assouplissement quantitatif. Or, toutes les raisons de cet assouplissement ne sont pas claires ; le lien qui va de l'instrument à l'objectif est loin d'être évident. Le quantitative easing est justifié pour prévenir la déflation et rétablir le plein emploi.


Enfin, Bruno Cavalier achève sa présentation sur ce qu'il est convenu d'appeler la guerre des monnaies. Un taux de change est un rapport de force entre plusieurs économies ; l'avantage pris par l'une l'est le plus souvent à la défaveur de l'autre. La position des Européens n'est pas attaquable sur le fond, celle-ci affirmant qu'il ne faut pas manipuler les taux de change et que la stabilité est préférable à la volatilité. Cette position est toutefois problématique car les autres acteurs, en affirmant la même chose, ne jouent pas ce jeu-là. La situation mondiale est donc marquée par une très forte volatilité et les économies européennes ne peuvent y trouver leur compte. Les Européens sont donc aujourd'hui la victime du jeu mondial. Les Américains voudraient visiblement fixer à 4 % la limite d'excédent extérieur : or n'est pas pris ici en compte une asymétrie importante entre les pays compétitifs qui ont fait des réformes de structure et d'autres qui laissent filer les déficits et ne rétablissent pas leurs comptes financiers.



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30/12/2010


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Français


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Editeur : L'institut de l'entreprise


Tags : Conjoncture, reprise, rebond
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