Sexologie et psychosomatique relationnelle

Pour étayer sa conception de la sexualité infantile, Freud prend l'exemple du suçotement, en s'appuyant sur des descriptions du pédiatre hongrois Linder. La succion voluptueuse chez le nourrisson s'accompagne ici d'une distraction totale de l'attention, elle conduit soit à l'endormissement, soit à une réaction motrice qui est une sorte d'orgasme. La distinction paraît alors subtile entre une sexualité génitale et une sexualité prégénitale.

La relation, par excellence, c'est la relation à la mère : elle détermine la possibilité que l'enfant puisse s'aimer lui-même et exister dans cet amour de soi. Il répète en fait l'amour qu'il avait reçu. S'il ne reçoit pas d'amour, il ne peut pas s'aimer soi-même. Car la réalité humaine est relationnelle, thème de notre dernier livre Penser l'unité. La psychosomatique relationnelle (Esprit du temps, Paris, 2011).

Si aujourd'hui la formation des " sexologues " est avant tout universitaire, c'est parce qu'il y maintenant presque trente ans des médecins et des psychologues ont eu le courage de l'introduire dans les facultés de médecine. Les DIU de sexologie et de sexualité humaine, dont l'enseignement est le fruit de ce travail, sont présents dans plus de dix universités françaises et continuent à former des professionnels de la santé et du champ social soit du côté de la thérapie, soit du côté du conseil en éducation sexuelle. Sept professions passent aujourd'hui l'examen national, seul garant d'une formation dont la profession qui en découle n'est pas règlementée à ce jour.

Dans la pratique sexologique, la nécessité d'une approche pluridisciplinaire éloigne cette discipline de tout risque de dogme théorique, et c'est ce qui fait aussi sa richesse tant dans les différentes formes d'exercice des praticiens (mixte, exclusif ) que dans les approches thérapeutiques. Ceci dit, le trouble sexuel ne peut s'envisager que dans l'unité psychosomatique de l'individu, le processus thérapeutique s'appuyant lui-même sur la relation.

Cet ensemble définit en soi la dimension clinique de la prise en charge, klinè se définissant en grec comme " au chevet du malade ". Il s'agit donc avant tout de prendre en charge une personne, un sujet à part entière dans son humanité, pétri par son histoire et non pas défini par une pathologie ou un symptôme sexuel.

L'homme, la femme, le couple qui consultent viennent demander de l'aide face à une situation intime douloureuse qu'ils jugent sans issue. Ils se sont engagés dans une voie psychologique et comportementale où ils ne peuvent en aucun cas revenir en arrière, ni faire demi-tour. Comme dans une rue sans issue, ils se heurtent au mur de leur incapacité à franchir une difficulté dont ils ont l'impression de ne rien maîtriser d'autant plus qu'ils tentent en vain de le faire. La route du plaisir est barrée, ils sont dans un cul de sac qui rend la forme d'un symptôme sexuel devant lequel ils se trouvent démunis.