Analyse sociologique des responsables développement durable

Je remercie sincèrement Eve Chiapello, qui m'a accompagné dans la réalisation de ce mémoire, en me permettant de prendre le temps nécessaire en fonction de celui laissé par mon travail et en répondant toujours rapidement à mes demandes de relecture ou de précision malgré le nombre élevé de projets dont elle a la responsabilité.

Enfin (et sans doute surtout) merci à mon entourage qui m'a supporté pendant ces mois denses. Merci aux consultants d'Ethicity Anne, Elie, Elizabeth, Gilles, Madeleine, Olivia, Romain, Stéphanie et Stéphane qui m'ont soutenu au quotidien et à Thanh d'Angenius qui m'a rendu grandement service en me mettant en relation avec des directeurs et responsables développement durable. Merci aussi à mes parents et à Servane, qui ont eu la gentillesse de m'aider dans le traitement des données et dans la relecture des dernières versions.

Prendre comme objet de mémoire de fin d'études l'analyse des responsables et directeurs " développement durable " peut paraître surprenant. Si je me suis naturellement intéressé à la fonction occupée, le focus est en effet ici volontairement mis sur des personnes, alors que, dans le cadre d'un travail concluant des études de gestion, on aurait pu s'attendre à une analyse d'organisations, de marchés... : j'aurais ainsi pu traiter le développement durable via des évolutions de politique d'entreprises, des changements de stratégie marketing...

En comptant mon année d'alternance, je travaille depuis 2 ans juillet 2005 en conseil en développement durable. Les responsables " développement durable " sont des personnes avec lesquelles je collabore au quotidien et dont je perçois, régulièrement, la difficulté de leur position. Ce sont, pour la plupart, des personnes très compétentes, efficaces, souvent bien placées dans l'organigramme de l'entreprise et qui, pourtant, du fait de la nouveauté et de l'étrangeté des sujets qu'ils traitent par rapport à un manager classique, sont sans cesse menacées d'être mises à l'écart ou tout simplement obligées de quitter l'entreprise.

Comment se fait cette évolution : s'agit-il de la continuité d'une carrière atypique ou au contraire d'un changement radical ? N'existe-t-il pas dans les parcours professionnels et personnels de ces personnes, des éléments caractéristiques qui les ont amenés à s'intéresser à ces problématiques ? Et pourquoi l'intérêt pour ces problématiques s'est-il traduit par une volonté de rester dans l'entreprise pour y amener des changements en son sein et non au dehors ?

Au-delà de la satisfaction de ma simple curiosité, je pense que l'étude spécifique de ces personnes est intéressante pour mettre en valeur des évolutions significatives du management des organisations et, plus largement, de ce que, Luc Boltanski et Eve Chiapello appellent l'esprit du capitalisme1. Pour rappeler brièvement leur analyse, ils ont mis en évidence la formidable capacité du capitalisme à intégrer les critiques qui lui étaient faites en adaptant son discours, sa justification et ses pratiques pour rendre ces critiques inopérantes.