Le Mystère Frontenac de François Mauriac (Fiche de lecture)

L'oncle Xavier partage son temps entre la gestion d'une étude à Angoulême et la visite des propriétés familiales aux environs de Bordeaux. Son temps est tout entier occupé par la gestion d'un patrimoine qu'il protège pour le léguer à ses neveux. Une discussion s'engage entre Xavier et Blanche, marquée par l'incompréhension entre les deux personnages, et les tentatives de culpabilisation de Xavier par Blanche : Blanche reproche à Xavier de ternir l'image de la famille, et donc de ses enfants, en refusant d'envoyer une vieille tante sénile en hospice.

Blanche découvre le secret de Xavier, qu'elle tentait de percer à jour depuis quelques temps : il entretient une femme de faible condition à Angoulême. Loin de s'en outrager, elle considère que cela le rend plus intéressant, et elle pense même à l'inciter à se marier. Au même moment, Xavier réfléchit à cette situation et se laisse envahir par la culpabilité de perdre une partie des sommes destinées à la famille Frontenac pour l'entretien de cette femme.

Quelques années plus tard, la famille Frontenac s'exile pour l'été dans les Landes. Un jour, Jean-Louis, l'ainé, âgé de dix-sept ans, surprend son cadet Yves en train d'écrire. Il lui arrache son carnet des mains et s'enfuit pour le lire. Il découvre que son frère est un poète talentueux. Il remet alors à Yves son carnet, le félicite et l'encourage : les deux jeunes hommes passent ainsi l'âge adulte, réunis par des sentiments nouveaux de reconnaissance et de fraternité.

L'oncle Xavier et les cinq enfants vivent un quotidien léger et voient avec délice s'établir autour d'eux le " mystère Frontenac ", une force supérieure fondée sur l'amour qui les lie, et qui doit les protéger et les sublimer. L'absence de la mère est notamment ce qui permet à ce haut sentiment de se mettre en place, dans la mesure où elle n'est pas une véritable Frontenac.

Le retour de Blanche au sein du foyer marque le retour à un temps plus grave. Il est question de reprendre l'affaire familiale : Blanche, aux côtés de Xavier, met Jean-Louis face aux tâches qui lui incombent en tant qu'ainé. Celui-ci est tiraillé entre ses propres ambitions et son devoir familial. Mais quand on lui promet le mariage contre toute sa dévotion, il cède.

Un déjeuner réunit la famille Frontenac, l'oncle Xavier et Dussol, l'associé de Xavier. Les discussions tournent autour de la grandeur d'une vie matérielle réussie. Face à cela, Yves s'enfuit pour s'isoler, plonge dans un délire mystique et se réveille convaincu qu'il donnera de la grandeur à son destin en s'exilant à Paris.

Jean-Louis est préoccupé par le sort de ses deux frères et conscient de la médiocrité de sa propre vie en regard de ce qu'il en espérait ; mais la grandeur du sentiment familial qu'il ressent le rappelle à la légitimité de cette vie. Ce chapitre est coupé d'une lettre de Yves, qui décrit sa vie nouvelle dans les cercles littéraires parisiens, la reconnaissance qu'il y trouve, mais aussi la vanité de ses rencontres.