Le Guépard de Lampedusa (Fiche de lecture)

Le lendemain, don Fabrizio, le prince, a une conversation politique avec son neveu Tandredi, pour lequel il éprouve une affection plus grande que pour ses propres fils. " Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change ", explique le prince (p. 32) à son neveu. Celui-ci souhaite en fait rejoindre les partisans du Roi Victor-Emmanuel II, favorables à l'unification de l'Italie. Don Fabrizio, comme l'ensemble de l'aristocratie sicilienne, craint de voir ses privilèges abolis par cette unification qui implique le rattachement du royaume des Deux Sicile au reste de l'Italie et la chute du Roi François II, qui règne alors sur Palerme.

Il se rend ensuite à l'observatoire du Père Pirrone, son confident et ami. Tous deux ont une discussion sur les récents évènements politiques et sur les changements à venir : l'avènement de la bourgeoisie comme nouvelle classe dominante et le destin de l'Église. Les deux hommes s'abandonnent ensuite à leur passion commune, l'étude du mouvement des astres.

Le prince et sa famille se rendent sur leurs terres à Donnafugata : " il aimait la maison et les gens de Donnafugata, le sentiment de possession féodale qui y avait survécu. " (p. 59) Mais le prince trouve sa ville changée, en particulier par l'ascension de don Calogero Sedara, chef des libéraux, aussi riche que le prince, qui prône l'unification de l'Italie.

Guépard (" l'annulation stupide de la première expression de liberté qui se fut jamais présentée à ce peuple ", p. 121), les Siciliens votent massivement en faveur de l'unification : 432 000 oui, 600 non. Paradoxalement, le prince a voté en faveur de l'unification, l'organiste contre.

Le Père Pirrone se rend dans sa famille à San Cono. Cette visite est l'occasion d'une évocation des conditions de la vie paysanne. Le Père Pirrone est chargé de démêler une situation familiale complexe. Angelina, sa nièce, enceinte de trois mois, a été séduite par le fils de Turi, issu d'une branche ennemie de la famille. La querelle remonte à deux générations et porte sur la question d'un vol d'amandiers. Le parallèle semble évident avec le mariage entre Angelica et Tancredi : une même sensualité et un même appât du gain les motivent.

Les Salina et les Sedara se rendent dans un bal au palais Ponteleone. Angelica fait ses premiers pas dans le monde. Son père s'extasie sur le luxe du palais, " insensensible à la grâce, attentif à la valeur monétaire " (p. 237). Quant au prince, fatigué, il se réfugie dans la bibliothèque où il contemple le tableau de Greuze, La Mort du juste, et envisage sa propre mort. Mais une danse avec Angelica le rassérène : " à chaque tour une année tombait de ses épaules " (p. 242). Sur le chemin du retour, le prince contemple les étoiles : " elles étaient lointaines, toutes-puissantes, et en même temps si dociles à ses calculs ; exactement le contraire des hommes, toujours trop proches, faibles et pourtant si rebelles. " (p. 251)

Sur son lit d'agonie dans un hôtel miteux de Palerme, don Fabrizio reçoit l'ultime visite de Tancredi et de son petit-fils, Fabrizietto. Réflexions amères du prince sur sa vie et sa famille : " le dernier Salina, c'était lui, le géant émacié qui agonisait à présent sur le balcon d'un hôtel " (p. 263). La mort arrive, personnifiée en une belle femme en costume de voyage.