Horace de Corneille (Fiche de lecture)

? Scène 6 : Julie arrive pour annoncer les premières nouvelles : deux frères Horaces sont morts, le mari de Sabine a survécu, mais seul devant les trois Curiaces, il a pris la fuite. La défaite de Rome parait inéluctable. Le vieil Horace est furieux, indigné par la lâcheté de son fils. Il promet de le tuer de ses mains.

? Scène 2 : Valère (chevalier romain amoureux de Camille) vient louer la bravoure d'Horace. En fait, les Curiaces étant tous blessés, sa fuite n'était qu'un stratagème destiné à les séparer. Ainsi, il a pu les affronter séparément et en venir à bout. Rome vient donc de triompher ; le vieil Horace exulte.

? Scène 5 : Horace revient fort de ses trophées. Il invite sa soeur à se réjouir. Blessée, elle déplore la perte de son amant et, dans un accès de rage, elle en vient à maudire Rome et à souhaiter sa destruction. Horace, vexé, la châtie et la transperce de son épée. Camille réalise ainsi l'oracle qui lui prédisait qu'elle resterait " unie " à Curiace, mais dans la mort.

? Scène 2 : Le roi Tulle arrive dans la demeure familiale. Valère lui demande de punir le crime d'Horace. Mais est-il possible de châtier le héros qui vient de sauver la cité ? Le procès d'Horace est entamé. Celui-ci accepte de mourir car, à vivre trop longtemps, il ne pourrait que ternir sa gloire. Il vient d'ailleurs de la ternir, preuve qu'il a déjà trop vécu.

? Scène 3 : Sabine souhaite mourir à la place d'Horace. Ainsi, elle mettrait un terme à ses souffrances et détournerait de son mari la colère des dieux. Le vieil Horace se lance alors dans un long plaidoyer : il demande à Sabine de faire preuve de courage, à l'image de ses frères qui ont su se sacrifier. Il rappelle au roi que le geste de son fils trouve son origine dans " le seul amour de Rome " et fait remarquer à Valère l'émoi que provoquerait la mort du héros. Il supplie le roi d'épargner le seul enfant qui lui reste et demande à Horace de ne vivre désormais que pour servir l'état. Le roi prononce son verdict : tout en rappelant le caractère odieux du geste d'Horace, il lui laisse la vie sauve pour tous les services exceptionnels qu'il a rendus à Rome. Horace vivra, les prêtres tenteront d'apaiser les dieux, et Camille et Curiace seront réunis dans un même tombeau.

Une longue tradition a dépeint Horace comme un être brutal, borné et fanatique. " Voilà le caractère inhumain ", observe Pascal dans ses Pensées. Et c'est en effet le personnage cornélien qui invite le plus à la caricature. Il serait pourtant trop simple d'envisager le caractère d'Horace uniquement comme celui d'une brute épaisse. Ses réactions et ses actions doivent être interprétées sous l'angle de l'idéal, du sacrifice et de l'héroïsme.

Le dilemme auquel il se retrouve confronté lui impose un choix dramatiquement simple : fuir ou combattre. Pas un instant, il n'envisage de manquer à son devoir. Pour lui, combattre pour Rome est un devoir " saint et sacré " (v. 497). Ce sont le roi et les dieux qui décident : au devoir militaire, s'ajoute le devoir religieux. Le fait d'être désigné fait que son destin personnel se mêle à la destinée de Rome. Il n'est plus Horace, il est Rome.