Le Manifeste du Surréalisme de André Breton (Fiche de lecture)

Seul " le merveilleux " (c'est-à-dire les éléments imaginaires, relevant notamment du rêve, inexplicables ou invraisemblables) confère de la valeur aux oeuvres littéraires. Il prend souvent la forme de symboles dérangeants, voire de mauvais gout, qui expriment l'inquiétude humaine. Et l'auteur de nous faire la description imaginaire d'un " château " où les surréalistes ont une place et une activité bien précise.

La liberté humaine, démiurgique, dépend de la capacité de l'homme à libérer ses désirs, comme " la poésie le lui enseigne ". Celle-ci implique une prise de risques, tant pour le théoricien du surréalisme que pour ceux qui le pratiqueront. Rien n'est moins aisé que de réaliser de tels idéaux. Breton ne fait que les indiquer.

Il se livre à l'expérience de " fix[er] [son] attention sur des phrases qui (...) à l'approche du sommeil, deviennent perceptibles pour l'esprit sans qu'il soit possible de leur découvrir une détermination préalable ". Il tâche de capter une phrase articulée qui surgit accompagnée d'une image visuelle. Conscient de sa force poétique, il s'y accroche, et de cette connexion surgissent d'autres images. Il s'efforce ensuite de faire surgir sa " pensée parlée ". Il s'y applique avec Soupault, et constate que les textes produits sont du plus grand intérêt poétique.

L'auteur définit le surréalisme en deux articles : d'une part comme technique d'écriture automatique, d'autre part comme philosophie surréaliste. Suivent les noms des artistes qui ont fait preuve de " surréalisme absolu ", puis les noms de ceux qui s'en sont approchés. Pour faire oeuvre surréaliste, il faut abdiquer de tout orgueil, se faire " appareil enregistreur " de l'inconscient.

La dernière partie du Manifeste est la plus éclairante quant à l'écriture surréaliste. La règle de base est de laisser s'écouler nos pensées en un flux ininterrompu, de libérer notre discours intérieur, qui est notre pensée la plus riche, porteuse des trésors et des révélations que l'état de pensée rationnelle nous dissimule.

? Les images surréalistes s'imposent au poète et ne se congédient pas facilement. Elles viennent du rapprochement de termes éloignés que rien ne prédestinait à être unis. Du choc nait une " étincelle " d'autant plus belle que fortuite et imprévisible. L'écriture automatique est le moyen le plus propice à la création de telles images, qui envoutent et donnent accès à une réalité supérieure.

Le surréalisme est un mouvement d'avant-garde littéraire et artistique c'est-à-dire qu'il défend " des idées et des formes d'expression en rupture avec l'idéologie et l'esthétique dominantes1 " -, né après la Première Guerre mondiale. Il a regroupé des écrivains et des artistes qui souhaitaient " s'éloigner du rationalisme afin de libérer "la vie de l'esprit" et de capter le "merveilleux" de la vie quotidienne ".