Le Fusil à pétales d'André-Marcel Adamek (Fiche de lecture)

Alphonse Berluet, l'ami de Clothaire, marié à Nathalie, est un fermier différent de tous les autres : ce qu'il aime, ce sont les inventions, de toutes sortes. Comme le dit le narrateur, " [d]es fois on se demandait où il allait chercher toutes ses grandes idées. Peut-être bien que ça lui venait la nuit, en dormant avec Nathalie " (p. 30). En l'occurrence, il travaille sur le " Chompionnier ", une énorme machine volante. Alors qu'il s'apprête à lui faire faire son premier vol surgit Tristan. Tristan a des longs cheveux blonds et semble sortir d'un autre temps. Très vite, les Berluet l'ont considéré comme l'un des leurs, et Tristan à son tour les a fait profiter de ses connaissances. Le Chompionnier démarre au jour dit, avec Alphonse à son bord. Mais, avant même de gagner le ciel, il s'écrase et Alphonse semble plongé dans un étrange coma. Pour le guérir, la seule solution est de faire appel à Reine, une mystérieuse guérisseuse. Cependant, nul ne peut se permettre de la payer. Tristan sort alors d'on ne sait où une épée très ancienne et très précieuse : Reine, dans toute sa splendeur, se rend donc au chevet d'Alphonse et le guérit d'un baiser sur les lèvres. Tristan reste abasourdi devant une telle beauté. Toutefois, alors que Tristan et Clothaire apportent à Reine l'épée due, ils découvrent une femme vieillie de cinquante ans : celle-ci leur explique que, pour conserver sa jeunesse et sa beauté, elle doit payer un tribut exorbitant à un diable. L'épée de Tristan lui assure un sursis de trois mois. Tristan et Reine, follement amoureux, s'apprêtent à se marier et à vivre pleinement ces quelques semaines de grâce. Mais des cavaliers noirs, surgis d'une autre époque, sont à la poursuite de l'épée et sont prêts à tous les mauvais coups pour s'en emparer.

Tristan et Reine se marient le premier jour de l'été : la ferme des Berluet rayonne des couleurs les plus vives. Ce mariage est une fête à la vie, à l'amour, à la nature, comme l'expriment ce genre de descriptions : " des brassées de fleur éclataient à chaque table, déposées simplement sur le tissu en forme de coeur, d'explosion ou d'étoile. " (p. 76) ;

Au milieu de toute cette joyeuse profusion, Clothaire est ramené à son rôle de figurant et à sa solitude, lui qui n'est pas marié. Comme il le dit à Alphonse : " Berluet ! que je criai, je suis saoul comme une toupie et j'ai un grand mal qui me mange la viande, là ! " (p. 84) Alors que la conversation suit son cours entre les deux amis, une haute silhouette, noire et menaçante, s'approche d'eux. Clothaire l'attaque et se retrouve assommé. Il se réveille dans la chambre d'amis des Berluet : Tristan et Reine veillent sur lui. À sa demande, Tristan lui accorde un instant dans les bras de Reine.

Après avoir croisé Nathalie, Clothaire réalise qu'Alphonse a disparu, sans doute enlevé par le même personnage que celui qui l'a assommé. Il part sans plus attendre à sa recherche, armé de son fusil. Au détour d'un fourré, il voit Alphonse Berluet, prisonnier de sinistres créatures en armure. Celles-ci le mettent à la question en le chatouillant : elles veulent savoir où est cachée l'épée que Tristan a donné à Reine au début de l'histoire, ce dont Berluet n'a aucune idée. Clothaire tire sur les hommes en armure : cela a pour effet de les dépouiller de leur armure et de les faire disparaitre, apeurés. En d'autres termes, l'arme ne tue pas mais détruit ce qui fait la force mauvaise de ces hommes en armes. Alphonse et Clothaire rentrent à la ferme des Berluet, que Reine et Tristan s'apprêtent à quitter afin d'aller vivre ensemble les mois qui leur restent.

Clothaire part ensuite à la pêche avec Alphonse. C'est là qu'il réalise, à nouveau, le péril qui guette Reine, sa beauté et sa jeunesse. Il se met dès lors en devoir de frapper à toutes les portes, afin de récolter le moindre sou. Nul ne lui en donne, sauf Alphonse qui, grâce à ses dernières économies, permet d'acheter sept jours de sursis à Reine. Clothaire confesse alors à Alphonse la raison pour laquelle cet argent est nécessaire. Dès lors, ils imaginent une épopée rocambolesque afin de réunir une somme exorbitante : déguisés, à bord du tracteur d'Alphonse, ils partent commettre un hold-up dans la banque de Barnaville, la localité avoisinante. Le lecteur est dès lors plongé dans le surréalisme : " "Passez la monnaie, vite !" L'autre continue à découper ses timbres. Il lève même pas les yeux.

Fortune faite, les deux malfrats d'un jour s'embarquent dans leur tracteur, poursuivis par une foule en fureur. Ils tentent de ne faire aucune victime : la seule sera le garde-champêtre, écrasé par le tracteur et ramené uniquement à la fonction que trahit son uniforme. Ils poussent incognito le tracteur au fond d'un ravin. Cependant, les badauds ont reconnu Alphonse et, rapidement, le policier Trouviolle vient lui rendre visite. Les deux hommes jouent les innocents, et Ambiorix, le cheval d'Alphonse, réduit à un tas de ferraille la voiture de Trouviolle, qui s'en va furieux. Alphonse et Clothaire confessent à Nathalie leurs hauts-faits. Ils se rendent ensemble à Aiglepierre, chez Tristan et Reine. Alphonse, Nathalie, Tristant et Reine décident de prendre la fuite ensemble, dans le fantastique engin volant de Berluet, en laissant croire à la justice qu'Alphonse et Tristan ont agi ensemble. En effet, il n'y a que quatre places dans l'engin, pour les deux couples. Clothaire, innocenté mais toujours renvoyé à sa solitude, restera au sol pour raconter leurs aventures.

Raspal est un villageois, ami de Clothaire et Alphonse. C'est lui qui, le premier, rencontre les cavaliers noirs et est agressé par eux, dans les premières pages du récit. Les cavaliers noirs, à l'approche d'un tracteur, s'enfuiront apeurés. Raspal raconte ensuite cette aventure devant Tristan.