Le Chef-d'œoeuvre inconnu de Balzac (Fiche de lecture)

N'y tenant plus, le jeune homme réagit en faisant l'éloge de la peinture de Porbus. Il se présente : il s'appelle Nicolas Poussin et est un artiste débutant. Le vieillard demande alors à Porbus de lui donner des pinceaux ainsi que des couleurs et, au moyen de quelques touches de peinture, il parvient à métamorphoser la représentation de Marie l'égyptienne en lui donnant un véritable souffle de vie. Malgré cela, il trouve qu'elle ne vaut pas encore sa " Catherine Lescaut ".

Le vieux peintre dont on apprend de la bouche de Porbus qu'il s'appelle Frenhofer invite ensuite les deux hommes à venir diner chez lui, où de magnifiques tableaux sont rassemblés. Poussin est subjugué par leur beauté. Porbus fait part à Frenhofer de son désir de voir le tableau représentant une femme sur lequel le vieillard travaille depuis dix ans. Celui-ci lui répond qu'il doit encore le perfectionner, puis il explique comment il y a travaillé et avoue que malgré toutes les erreurs qu'il a su éviter, il doute de son oeuvre. Il se demande s'il pourra un jour trouver une femme parfaite digne de lui servir de modèle.

Les deux autres peintres s'écartent de Frenhofer qui s'égare dans ses réflexions. Poussin veut se rendre dans l'atelier du vieillard, mais Porbus lui explique que personne ne peut y entrer. Le néophyte, qui ne l'entend pas ainsi, est déterminé à s'introduire dans le lieu où Frenhofer crée ses peintures.

De retour à l'hôtellerie où il loge, il demande à Gillette, sa très belle compagne, si elle accepterait de poser pour un autre homme que lui, ce qui lui permettrait de devenir un grand peintre. Poussin espère en effet qu'en échange de celle qu'il aime, Frenhofer acceptera de lui montrer son chef-d'oeuvre porteur des secrets de l'art pictural. Dans un premier temps, Gillette refuse parce qu'elle estime qu'une telle action la rendrait indigne d'être encore aimée de Poussin et que, par conséquent, il la délaisserait. Finalement, elle accepte à la condition qu'il reste derrière la porte de la pièce dans laquelle elle servira de modèle et qu'il tue le peintre si elle crie. La jeune fille, qui a l'impression que Poussin est obsédé par l'art et ne l'aime plus, regrette immédiatement l'engagement qu'elle a pris.

Trois mois après la rencontre entre les trois hommes, Porbus rend visite à Frenhofer qui est plus découragé que jamais. Le vieux peintre croyait avoir enfin achevé sa toile, mais certains détails doivent encore être retravaillés. Il a l'intention de voyager en Turquie, en Grèce et en Asie afin de trouver de nouveaux modèles féminins. Porbus lui annonce alors qu'il peut lui épargner ce voyage car la compagne de Poussin est une femme physiquement parfaite et elle est disposée à poser pour lui si, en échange, lui et Poussin ont le droit de voir son oeuvre. Tel un amant possessif, le vieillard refuse catégoriquement d'exposer son " épouse " au regard d'autres hommes.

Alors que Porbus, surpris de la violence avec laquelle Frenhofer réagit, est sur le point d'abandonner, Poussin et Gillette arrivent chez le vieillard. Celui-ci observe attentivement la jeune fille, il la déshabille du regard. Pris de jalousie, Poussin veut rentrer chez lui avec sa compagne, mais Frenhofer accepte finalement le marché. Le peintre débutant le menace alors de le tuer s'il fait quoi que ce soit à Gillette.

Après un certain temps, Frenhofer ouvre la porte de son atelier, et invite Porbus et Poussin à y entrer. Ceux-ci admirent les tableaux qui s'y trouvent et que Frenhofer qualifie d' " erreurs ". Il leur assure que sa dernière oeuvre est parfaite, que la femme qu'il a peinte est plus vraie que nature. Mais, face à la toile, Porbus et Poussin n'aperçoivent rien d'autre qu'une juxtaposition de couches de couleurs. Au milieu de cette " muraille de peinture " (p. 66), seul un pied, qui semble être réel, émerge. Poussin croit d'abord que le vieil homme se moque d'eux, mais réalise ensuite qu'il est sincère : Frenhofer délire et est persuadé que les deux autres peintres aperçoivent vraiment le corps féminin qu'il leur décrit.