La Peau de chagrin de Balzac (Fiche de lecture)

Raphaël raconte sa vie à son ami Émile. Il lui rapporte sa première expérience du jeu : son père lui avait confié une bourse et il avait misé cet argent à son insu. Par bonheur, il avait gagné et avait pu restituer la bourse intacte à son père. Celui-ci, ayant estimé pouvoir faire confiance à son fils, lui avait alors annoncé qu'il lui verserait régulièrement une somme d'argent pour subvenir à ses besoins. Malheureusement, Raphaël et son père, qui avait vendu ses quelques biens pour aider le jeune homme à rembourser ses dettes, furent ruinés. Son père étant mort peu après, Raphaël s'était retrouvé seul, pauvre et démuni, ne sachant quels comportements adopter en société notamment vis-à-vis des femmes. Émile se montre d'abord ironique face à ces confidences, mais l'amertume des propos de son ami le rend plus attentif.

La mère de Pauline n'ayant pas les moyens de payer l'éducation de sa fille, Raphaël lui propose ses services. Séduit par l'adolescente, Raphaël ne peut cependant passer outre son mépris pour la pauvreté : ne l'attirent vraiment que les femmes belles et riches. C'est ainsi qu'il tombe sous le charme de la comtesse Foedora que lui présente Rastignac. Celle-ci a la réputation de repousser tous ses prétendants. Raphaël dépense sa maigre fortune pour la séduire. Alors qu'il confie sa détresse et ses soucis financiers à Pauline, celle-ci lui prédit qu'il aimera une femme riche qui le tuera (p. 200).

Raphaël s'immisce dans la chambre de Foedora pour passer une nuit chez elle à son insu. Caché derrière un rideau, il surprend une conversation entre la comtesse et ses invités ; ceux-ci parlent de lui. Alors que Rastignac le défend, Foedora, quant à elle, s'en moque. Comprenant finalement qu'elle ne tolère sa présence que dans le seul but de servir ses intérêts, Raphaël lui demande de lui accorder une soirée en tête-à-tête, soirée à l'issue de laquelle ils se quittent froidement. Raphaël veut se suicider, mais Rastignac l'en dissuade et lui propose plutôt d'aller jouer. Raphaël, ayant fait le voeu de ne jamais plus entrer dans une maison de jeu, refuse, mais laisse son argent aux bons soins de Rastignac. Celui-ci rentre vainqueur. Le lendemain, Raphaël s'achète des meubles, loue un appartement et se procure des chevaux ; il se plonge alors dans une vie de débauche. Toutefois, s'il s'étourdit, il reste insatisfait. Il fait alors un voeu à la peau de chagrin. Celui-ci se réalise rapidement sous la forme d'un héritage dont il est l'unique bénéficiaire.

Un vieillard se rend chez le marquis de Valentin (Raphaël), mais le valet lui apprend que son maitre ne reçoit personne. Arrive alors Johnatas, l'intendant du marquis, et, surtout, son intermédiaire avec le monde. Le visiteur se présente comme un des anciens professeurs de Raphaël, monsieur Porriquet. Johnatas lui explique que la vie de Raphaël est organisée de telle manière qu'il n'ait rien à souhaiter. Raphaël finit toutefois par accepter de recevoir Porriquet, mais le regrette amèrement : celui-ci est venu lui réclamer une faveur, ce qui oblige Raphaël à faire un voeu et ainsi à réduire la peau de chagrin et sa vie. Le soir, il se rend au spectacle aux Italiens où il retrouve Pauline, devenue une femme superbe. Raphaël, qui s'était juré de ne plus désirer une femme, succombe à son charme, d'autant plus que celle-ci est devenue riche. Il fait un nouveau voeu. Les amants se marient.

Cependant, ce voeu réduit à nouveau la peau de chagrin et, par la même occasion, la vie du marquis. Il consulte les plus grands scientifiques pour résoudre cette énigme et tenter d'élargir la peau, sans succès. Les médecins, de leur côté, ne peuvent diagnostiquer le mal dont il est atteint. Séjournant aux thermes d'Aix, il est méprisé par les autres pensionnaires. S'ensuit un duel entre Raphaël et l'un d'eux. Grâce à la peau de chagrin, Raphaël en sort vainqueur. Il poursuit sa convalescence dans une ferme, puis finit par rentrer à Paris où il découvre les nombreuses lettres désespérées de Pauline. Mais Raphaël s'isole afin d'empêcher tout désir. Ne voulant pas mourir, il demande au médecin une potion qui le fasse dormir tout le jour dormir signifiant toujours vivre.

Toutefois, Pauline parvient à s'introduire chez Raphaël qui lui explique le sort dont il est victime. Lui avouant cela, il est pris d'un désir furieux pour elle. Effrayée, elle tente de lui échapper pour préserver la vie de celui qu'elle aime en l'empêchant d'émettre un nouveau souhait, mais Raphaël meurt dans ses bras (pp. 370-371). La prédiction de Pauline (cf. La Femme sans coeur, p. 200) se réalise.

Un dialogue s'instaure entre l'auteur et un lecteur avide de savoir ce que sont devenues Pauline et Foedora, les deux femmes essentielles de la vie de Raphaël. La première semblait évanescente, éthérée et irréelle : c'était une allégorie (personnification d'une idée abstraite) du Désir et de l'Amour. La seconde était " partout ", s'affichant dans tous les événements mondains : c'était une allégorie de la Société.