La Fille aux yeux d'or de Balzac (Fiche de lecture)

De Marsay rencontre par hasard son ami Paul de Manerville aux Tuileries. Henri lui explique attendre la venue d'une femme rencontrée quelques jours auparavant, que Paul de Manerville nomme " la fille aux yeux d'or ". Celle-ci parait ensuite accompagnée de sa duègne, et de Marsay parvient sans peine à lui arracher les signes d'une passion partagée.

Par l'intermédiaire de son valet de chambre, Laurent, de Marsay apprend le lien de la fille aux yeux d'or, qui se nomme par ailleurs Paquita Valdès, avec le marquis de San-Réal, et s'aperçoit que de nombreux obstacles l'empêchent de la conquérir. La jeune fille est en effet étroitement surveillée. De Marsay la croit maitresse du marquis de San-Réal : " Il allait jouer cette éternelle vielle comédie qui sera toujours neuve et dont les personnages sont un vieillard, une jeune-fille et un amoureux. " (p. 398) Les obstacles enhardissent toutefois le désir de de Marsay. Alors qu'une " satiété constante avait affaiblit dans son coeur le sentiment de l'amour " (p. 397), " il lui fallait comme à Lovelace une Clarisse Harlowe " (p. 398).

C'est finalement Paquita qui trouve le moyen de faire venir Henri jusqu'à elle, en lui envoyant un fiacre dans lequel Henri aura les yeux bandés. Dans une atmosphère de mystère, Henri arrive sans trop savoir comment dans un salon sordide et crasseux, où se trouvent Paquita, sa mère et un Maure à l'allure imposante. Paquita lui dit le risque mortel qu'elle encourt à le rencontrer. Fier et déjà passionnément amoureux, de Marsay exige l'exclusivité de son amour sous peine de mort. Ils s'embrassent et Paquita prononce cette phrase énigmatique : " C'est la même voix [...], et ... la même ardeur. " (p. 415)

Selon le même procédé, de Marsay est conduit comme dans un " songe " (p. 416) dans un boudoir dont il ignore la localisation. Celui-ci, richement et délicatement orné, est un véritable écrin " éclos par la baguette d'une fée " (p. 422) et rappelle les boudoirs orientaux. Après que de Marsay ait passé une robe et un bonnet de femme, conformément au désir de Paquita, les deux amants s'unissent. " Si la fille aux yeux d'or était vierge, elle n'était certes pas innocente " (p. 424), explique de Marsay. Elle exprime ensuite de nouveau sa terreur, mais de Marsay y voit un subterfuge de femme. Il se montre par ailleurs de plus en plus violent et possessif à son égard.

Au matin, de Marsay savoure un cigare (" Voilà une chose dont un homme ne se lassera jamais ", p. 428) tout en exprimant à de Manerville sa nouvelle indifférence à l'égard de la fille aux yeux d'or. Il ne tarde pas à réaliser qu'il n'est pas le seul à régner sur le coeur de Paquita et qu'il n'a été pour elle qu'un substitut : " Il avait été outragé dans le vif de son être " (p. 432).

Toujours les yeux bandés, il est une nouvelle fois amené aux côtés de Paquita. Cette fois, il parvient à reconnaitre le chemin emprunté : il se trouve chez le marquis de San-Réal. L'inconstant dandy succombe enfin totalement au charme de Paquita : " L'espérance d'avoir enfin l'Être idéal avec lequel la lutte pouvait être constante sans fatigue, ravit de Marsay qui, pour la première fois depuis longtemps, ouvrit son coeur. " (p. 438) Mais au coeur de l'abime amoureux, Paquita prononce le nom de " Marquita ". Ce nom prononcé par erreur indique à de Marsay, non seulement que Paquita appartient aussi à quelqu'un d'autre, mais encore que cet autre est une femme. De Marsay tente alors d'étrangler Paquita, mais en est empêché par le Maure, qui est en réalité le père naturel de Paquita.

Une semaine plus tard, il se rend avec deux membres de la société des Treize chez Paquita pour se venger. Il la trouve expirante : elle a été assassinée par la marquise de San-Réal qui était sa maitresse. De Marsay reconnait alors immédiatement en la marquise de San-Réal sa propre soeur. S'étant aperçue de la trahison de Paquita, elle l'avait poignardée.