L'Élégance du hérisson de Muriel Barbery (Fiche de lecture)

Renée raconte successivement les visites de Manuela, sa seule amie ; comment sa maitresse d'école l'a fait réellement naitre au monde le jour où elle a prononcé son nom ; la surprise qu'a provoquée en son temps la demande en mariage de Lucien, son mari décédé ; son obstination à comprendre la phénoménologie ; son affection pour le chien des Badoise qui s'entête à rester un chien quand sa maitresse veut faire de lui un gentleman ; son gout pour la lecture et le cinéma ; l'indifférence des bourgeois de l'immeuble à la mort de Lucien ; son étonnement lorsque le docteur Chabrot, venu voir M. Arthens mourant, lui adresse la parole pour la première fois en vingt ans ; la capacité qu'offre un film japonais à concevoir l'éternité ; la mort de M. Arthens ; sa révolte quand Sabine Pallières, une des habitantes de l'immeuble et membre d'un comité de rédaction d'une grande maison d'édition, fait une faute de ponctuation ; son affection particulière pour une des filles de l'immeuble, Olympe Saint-Nice, dont l'intérêt se porte sur les chats ; la comparaison qui peut être effectuée entre elle et Riabinine, un personnage de Anna Karinine, homme intelligent, mais que le système ne reconnait pas comme tel.

Paloma a décidé de tenir deux journaux : le premier, destiné à l'esprit comprend des pensées profondes ; l'autre, affecté au corps, est intitulé Journal du mouvement du monde. Ses huit premières pensées profondes traitent de différents sujets : entourée d'une mère citant Balzac ou Flaubert à chaque repas et côtoyant des chats nommés Constitution et Parlement, elle considère l'instruction comme une escroquerie ; elle réfléchit à la profonde stupidité de sa soeur ainée Colombe ; elle remarque que sa mère joue son rôle de nourricière avec ses plantes et avec ses enfants de la même manière ; elle raconte comment son père se forge faussement une identité d'adulte ; elle s'offusque du comportement de sa soeur, maniaque et bruyante de surcroit ; elle explique pourquoi elle a contredit le père du petit ami de Colombe, Tibère, à propos des règles du Go, un jeu chinois ; elle conclut, après la visite au home de sa grand-mère (qu'elle déteste), qu'il faut penser à demain pour mieux vivre aujourd'hui. Dans son Journal du mouvement du monde, Paloma s'émerveille devant un joueur de rugby effectuant le Haka ; s'amuse du ridicule de Mme Meurisse et de Diane Badoise tentant de décoller leur chien respectif ; est éblouie par la beauté d'un concours de plongeon.

Après la mort de M. Arthens, la famille de ce dernier déménage. Le nouveau résident est japonais, il se nomme Kakuro Ozu. Tous les habitants de l'immeuble s'y intéressent, mais il est au-dessus des mondanités et remarque directement la singularité de Renée. Il engage Manuela comme femme d'ouvrage et réaménage entièrement l'appartement des Arthens dans un style japonais.

Paloma continue ses pensées profondes. Tout d'abord, ayant rencontré M. Ozu et convenu avec lui que Mme Michel n'est pas ce qu'elle montre, elle en conclut que c'est la première fois qu'elle rencontre quelqu'un qui cherche les gens et voit au-delà de leur apparence. Puis ses réflexions portent sur la grammaire, qu'elle voit comme une possibilité d'apprécier la langue et non de bien lire comme l'affirme sa professeur de français, Mme Maigre. Enfin, après avoir critiqué la psychanalyse freudienne dont sa mère est partisante, elle exprime sa sensation de se sentir grandie lorsqu'elle apprécie la beauté d'un arbre qui ne lui doit rien.

Ayant reçu de M. Ozu un superbe exemplaire relié de Anna Karénine de Léon Tolstoï, Renée ne parvient pas à contenir sa joie et est véritablement démasquée par Kakuro Ozu qui l'invite alors à diner chez lui. Cette invitation oblige la concierge à aller chez le coiffeur et Manuela à lui dénicher une robe. Cette soirée est l'occasion pour M. Ozu et Renée de discuter, de partager leurs intérêts communs et, pour monsieur Ozu, de convier Renée à venir regarder un film chez lui le dimanche suivant.

Paloma poursuit ses pensées profondes : avec son amie Marguerite, elle se rend chez M. Ozu qui leur présente sa petite nièce Yoko. C'est, pour Paloma, l'unique enfant dont elle ne peut prévoir le destin. Paloma se demande alors si son destin à elle est écrit sur son front ou non. Prise en otage par sa soeur qui lui narre la vie des abeilles, elle imagine que, comme ces animaux, l'homme est fait pour accomplir sa tâche du mieux qu'il peut avant de mourir. Dans son journal du mouvement du monde, après avoir été transportée d'émotion par la chorale du collège, elle se demande pourquoi la communion à laquelle elle a assisté n'est pas quotidienne au lieu d'être un moment exceptionnel.

Envoyée par sa soeur, Paloma se rend dans la loge de Renée. Chacune se rend alors compte de l'intelligence de l'autre. La loge devient un lieu de rencontre pour Renée, Manuela, Paloma et M. Ozu. Le dimanche, Renée se rend chez Kakuro. C'est l'occasion pour eux de parler de leur femme et mari respectifs, tous deux décédés. Kakuro, le lendemain, prie Renée de l'accompagner au restaurant le jour suivant. Renée refuse. Paloma ne comprend pas sa réaction. Renée lui confie, en guise d'explication, que sa soeur est morte d'avoir fréquenté un riche. Cette discussion avec Paloma lui fait changer d'avis et elle accepte finalement l'invitation. Au restaurant, Kakuro convainc Renée qu'ils peuvent être amis. Elle a le sentiment d'être quelqu'un d'autre qu'une concierge. Rapidement cependant, elle réendosse ce rôle. Sortie pour une course, elle croise Gégène, un clochard, qui se met à courir. Se lançant à sa poursuite pour le rattraper, elle est renversée par une camionnette et meurt. Elle repense à Manuela, à Paloma, à Kakuro, à Lucien, à son père.