L'évaluation des jeunes entreprises innovantes : les leçons de la bulle

Les NTIC ont étaient une amorce décisive dans le processus de mondialisation. Ces technologies ont non seulement modifié les activités économiques en apportant une " nouvelle économie " mais elles ont également impacté les activités économiques existantes en plaçant les systèmes d'information au coeur de la stratégie des entreprises. Bien plus, elles ont transformé la culture et la communication entre les individus.

Jusqu'à l'éclatement de la bulle, cette euphorie de la " nouvelle économie " a conquis les financiers et la réalité a dépassé la fiction. La transformation des sociétés a été extrapolée, et l'explosion des valeurs technologiques traduisit à l'époque des anticipations qui ont été bien au-delà du raisonnable. Beaucoup de facteurs pourtant auraient pu être décelés ; la résistance au changement, la conjoncture économique, des limites parfois technologiques comme la sécurisation du paiement sur Internet qui aura pris quelques années. Enfin certains échecs cuisants comme la grande distribution par Internet.

L'aspect " réseaux " des NTIC ne se résume pas à la possibilité pour le plus grand nombre d'accéder à Internet. Avant l'arrivée de ce gigantesque réseau, l'informatique était déjà une activité de réseaux avec une harmonisation " naturelle " entre les différents systèmes. Cette harmonisation a permis à certains monopoles comme Microsoft de régner sur les systèmes et sur les applications.

Internet comporte à certains égards des similitudes puisque cette activité de réseaux a impliqué pour les acteurs une course effrénée pour la conquête du marché. Cette course a pu être observée sur tous les segments de la chaîne de valeur d'Internet : navigateurs, fournisseurs d'accès et sites de contenus. Pour assurer un réseau étendu en un minimum de temps, les intervenants ont développé des stratégies de gratuité. Celle-ci consistait à retenir le client pour l'amener à payer des services plus tard. Cette stratégie pouvait parfois être considérée comme une fuite en avant sur les dépenses sans avoir aucune visibilité sur les cash-flows mais elle apparaissait aux yeux des investisseurs comme nécessaire. Les sites de contenu ou d'e-commerce ont connu la même frénésie, d'une certaine façon la suite des évènements a donné raison à ceux qui prônaient cette nécessaire fuite en avant puisque seuls les mastodontes comme Yahoo ont véritablement tiré leur épingle du jeu alors les faillites du début des années 2000 se sont multipliées.

Les marchés financiers comme le NASDAQ ont à l'époque eu une confiance totale dans les entreprises menant cette conquête des réseaux, les investisseurs pensaient qu'une fois les marchés obtenus, la suprématie des entreprises leader ne pourrait être contestée. Nous sommes alors rentrés dans la concurrence du " tout ou rien " avec les financements qui étaient appropriés, c'est ce que Parker (2000) a mis en évidence en étudiant les déterminants de la bulle de 2000.

Obligatoirement, la stratégie des entreprises devait se conformer à cette nouvelle donne : la seule chose qui comptait, c'était de se retrouver dans la position de leader. Dans ce contexte, un élément déterminant réside dans la capacité d'un concurrent à mettre en place son site avant celui du voisin et d'assurer une qualité de service qui ne décevra pas les clients. Toutefois, à l'inverse d'une course à la propriété intellectuelle (cf : biotechnologies, troisième partie), les autorités n'influent pas sur l'issue de la compétition mais bel et bien le client final.

Sur un marché donné, l'objectif est de concentrer un petit nombre d'utilisateurs " pionniers "qui permettront d'assurer au moins une légère avance à l'entreprise. Le processus cumulatif devait faire en sorte que l'entreprise qui était partie avec de l'avance ne devait pas être rattrapée.