La nouvelle critique sociale

Universitaires pour la plupart seul l'un d'entre eux est un praticien, les auteurs des textes éclairent la nouvelle réalité sociale française à l'aide de leurs analyses, avec " une patience documentaire tenue à l'abri des généralités hâtives, et une largeur de vue suffisante pour dresser un nouveau portrait d'ensemble de la société à l'écart des conventions et des convenances ".

Cette montée des mobilités accentue la multi appartenance territoriale pour une partie de la population, créant de nouvelles inégalités. Elle entraîne une redistribution privée en faveur des régions bien dotées par la nature. Elle se caractérise également par un écheveau de flux de revenus et de dépenses extrêmement intégrés au plan national.

Cette évolution constitue une expérience douloureuse pour les jeunes : amertume voire violence et décrochement vis-à-vis de l'école. On assiste à une peur de la prolétarisation et de la sous-prolétarisation pour la classe ouvrière. Les classes moyennes se ferment sur elles-mêmes et développent des stratégies d'évitement : défense des avantages acquis, regroupement géographique, choix des établissements scolaires.

Des interrogations profondes apparaissent sur la structure sociale : quelle croyance peut remplacer la confiance dans le progrès ? Quelles sont les politiques sociales les plus justes quand il s'agit de partager des sacrifices ? Que sont la nation et la citoyenneté quand l'état et les classes dirigeantes nationales ne paraissent plus maîtriser l'avenir ?

? Emergence d'une population de travailleurs pauvres, due au nouveau marché du travail (temps partiel subi, CDD, faible rémunération des emplois non qualifiés) et aux évolutions de la structure familiale : la plupart des travailleurs pauvres sont des travailleuses qui vivent seules avec des enfants à charge.

? Intrication de difficultés multiples : inadéquation de la formation et de la qualification, chômage, difficulté pour garder les enfants, mauvaises conditions de logement, hostilité de voisinage, problèmes de santé, surendettement, difficultés alimentaires, problèmes de transport, vulnérabilité familiale.

La nouvelle réalité sociale française est appréhendée par le prisme des classes sociales même s'il s'agit " d'anciens mots pour de nouvelles réalités ". Les conséquences des nouvelles précarités (la classe ouvrière de puissante et organisée est devenue un prolétariat invisible et dispersé, les cadres ont vu leur statut banalisé) comme celle du déclassement social (peur de la prolétarisation pour la classe ouvrière, fermeture et évitement des classes moyennes) sont analysées au travers du prisme des classes avec des effets spécifiques pour chacune d'entre elles.