Le Dernier Jour d'un condamné de Victor Hugo (Fiche de lecture)

Le condamné revient sur ses conditions de détention. Au début de son emprisonnement, les gardiens le traitaient avec une douceur insupportable, lui rappelant à chaque occasion qu'il n'était pas un prisonnier comme les autres (" les égards du guichetier sentent l'échafaud ", p. 18). À son grand soulagement, les prévenances ont pris fin après quelques jours.

Chaque semaine, il a droit à une heure de promenade dans le préau, en compagnie des autres prisonniers. Avec eux, il apprend quelques rudiments d'argot, en particulier le vocabulaire lié au milieu carcéral (" La tête d'un voleur a deux noms : la sorbonne, quand elle médite, raisonne et conseille le crime ; la tronche, quand le bourreau la coupe ", p. 18).

En attendant le lever du jour, le prisonnier observe les inscriptions qui ornent les murs de son cachot. Avant lui, une multitude d'hommes, du meurtrier sans remord au dissident politique, s'est trouvée à la même place que lui. Il s'arrête brusquement, après avoir remarqué le dessin d'un échafaud, le dessin de sa future mort.

Quelques jours plus tôt, il a eu l'occasion d'assister au ferrage et au départ pour le bagne des forçats. Seul dans une cellule, il a assisté à cet " évènement " qui met la prison en liesse. Le narrateur observait cela avec une curiosité mêlée à de la pitié. Tout à coup, les galériens ont interrompu leur ronde joyeuse, les yeux se sont tournés vers lui et les doigts l'ont désigné. Il était à son tour au centre du spectacle, lui, le condamné à mort. Les forçats se sont précipités en-dessous de sa fenêtre. D'effroi, il s'est évanoui. Il a été transporté à l'infirmerie, où il y rêvassait quand il a entendu un chant venant de l'extérieur. La voix de la jeune fille était magnifique, mais les paroles terribles l'horrifièrent (" C'était une chose repoussante que toutes ces monstrueuses paroles sortant de cette bouche vermeille et fraiche ", p. 43).

Le jour se lève. Le guichetier vient demander au narrateur ce qu'il désire à déjeuner. Ce dernier comprend aussitôt que son exécution est pour le jour même. Il reçoit les visites du directeur de la prison et du prêtre. Sous le choc de la nouvelle, il vacille. Il est tiré de sa torpeur par l'huissier, qui lui annonce le rejet de son pourvoi en cassation.

Dans sa cellule, il rencontre un homme, lui aussi condamné à mort, qui lui raconte les circonstances qui l'ont amené à être emprisonné. Ce détenu lui demande sa veste, à lui qui n'en aura plus besoin, pour pouvoir l'échanger contre du tabac. À contre-coeur, le narrateur la lui cède.

Un nouveau gendarme vient le surveiller et lui fait une demande surprenante : cela fait des années qu'il joue à la loterie, sans succès. Il implore le condamné de venir lui annoncer les chiffres gagnants une fois mort. Le narrateur a alors une folle lueur d'espoir : il en fait la promesse, à condition qu'ils échangent leurs vêtements. L'agent s'exécute, mais, au dernier instant, émet des doutes. Le rêve d'évasion est brisé (" Je me suis rassis, muet et plus désespéré de toute l'espérance que j'avais eue ", p. 72).