La formation de la pensée monétaire classique

Publié par : Whynot

Cours d'économie : La formation de la pensée monétaire classique.


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À la fin du 18ème siècle, l'Angleterre, bien qu'elle soit encore théoriquement bimétalliste, avait, en fait, adopté le principe de l'étalon-or. D'après les règlements de la Monnaie, la valeur de l'or était 15 9/124 fois supérieure à celle de l'argent. Le cours du marché de l'or n'était que 14 3/4 supérieur à celui de l'argent si l'on prend une moyenne sur une très longue période. En conséquence tout débiteur avait intérêt à régler ses dettes en pièces d'or et toute banque qui apportait des lingots à la monnaie pour en faire des pièces avait intérêt à apporter de l'or plutôt que de l'argent. Selon l'adage, la mauvaise monnaie chassa la bonne. Les Français payaient en argent et les Anglais en or. La Banque d'Angleterre avait été fondée, en 1694, pour gérer la dette publique, En contrepartie de l'aide qu'elle apportait à l'État, elle bénéficiait du statut exclusif de compagnie par fonds réunis, ce que nous appelons une société anonyme, et du monopole de l'émission de billets dans la ville de Londres. Elle jouait, de ce fait, un rôle important dans le système bancaire anglais. Les autres banques, appelées les banques provinciales, étaient des sociétés de personnes. Elles pouvaient émettre des billets mais ils ne circulaient que dans des zones géographiques limitées.


En Écosse, une organisation différente prévalait. Les banques privées et les banques par fonds réunis coexistaient. Aucune ne bénéficiait d'un privilège exclusif. Comme les banques provinciales, les banques écossaises détenaient une large fraction de leurs réserves sous forme de dépôts chez des banquiers londoniens. Ceux-ci, à leur tour, détenaient leurs réserves sous la forme de billets de la Banque d'Angleterre ou de dépôts dans cet établissement.


Pour Thomas Mun (1664), la monnaie est un actif, un " trésor " écrivait-il. Un homme s'enrichit quand ses encaisses monétaires s'accroissent. De même, un État s'enrichit si le solde de sa balance commerciale est positif et si la valeur des lingots d'or et d'argent qu'il garde en réserve augmente. Les classiques critiquent cette thèse. Vouloir accumuler les métaux précieux grâce à une politique qui viserait à dégager un excédent commercial est, à la fois, vain et illusoire. Cette politique est vaine, car la richesse ne consiste pas en monnaie mais dans des biens nécessaires, commodes ou agréables ; elle est illusoire, car si un pays dégage un excédent commercial, l'accroissement de son stock de métaux précieux entraînera une hausse des prix domestiques qui freinera ses exportations, augmentera ses importations et ramènera à l'équilibre le solde de la balance du commerce.


John Law (1705) avait, au contraire, soutenu l'idée que la fonction caractéristique de la monnaie est d'être le moyen de paiement. Smith reprit et développa cette thèse. Dans une économie de troc, un homme trouve difficilement un autre homme disposé à acquérir le bien qu'il veut céder et prêt à vendre l'objet qu'il désire. Le troc direct est inefficace. Pour éviter un tel embarras, chaque homme est naturellement incité à conserver par-devers lui une quantité d'un bien, autre que le produit de son travail, susceptible d'être accepté en paiement par presque tout le monde.


En définissant ainsi la monnaie, Smith écarte l'idée qu'elle ne peut être qu'une marchandise possédant une valeur intrinsèque. Les billets de banque ne sont pas les symboles d'un métal absent, ils se substituent aux espèces. On peut régler une transaction en pièces d'or mais on peut tout aussi bien donner un billet de banque ou un effet privé, par exemple une lettre de change. Quand on définit la monnaie comme un moyen de paiement, on introduit dans l'analyse une contrainte de liquidité qui peut sembler trop rigide ; mais, elle peut facilement être tournée en ayant recours au crédit ou à des effets privés. L'idée fort commune selon laquelle la rareté de l'argent freine les échanges et entrave l'activité est sans fondement.


Depuis longtemps, les économistes avaient montré que la valeur de la monnaie était déterminée par l'offre et la demande et qu'une augmentation de sa quantité diminuait sa valeur. Mais, cela n'allait pas sans ambiguïté. Montesquieu, par exemple, observait que l'afflux de métaux précieux qui avait suivi la découverte des Indes, avait non seulement augmenté le prix des marchandises mais qu'il avait diminué le taux d'intérêt. La valeur de l'argent semblait avoir deux expressions : le pouvoir d'achat de la monnaie et l'intérêt.


L'élaboration de la théorie quantitative à l'époque classique consista, d'abord, à distinguer soigneusement l'intérêt de la valeur de la monnaie puis à montrer que, si une augmentation de la quantité de monnaie peut induire une baisse temporaire du taux d'intérêt, on ne doit pas en conclure que le niveau du taux d'intérêt dépend de la quantité de monnaie.



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Date :

03/01/2011


Langue :

Français


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9


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5143


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Tags : Cours, économie, pensée, monétaire, classique
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